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nos amis qui peuvent y être tombés, tirons-les de cette affreuse, de cette ridicule captivité, rendons-les plus dispos pour monter au ciel, ranimons leurs ailes engourdies, enseignons-leur la morale et la doctrine de la sagesse. Rendons grâces à Dieu en toute occurrence. Prions-le de ne pas nous déclarer indignes du présent qui nous a été fait ; et en outre, faisons de notre côté, notre devoir, afin de ne pas enseigner seulement par nos discours, mais encore par notre exemple. Par là, nous pourrons obtenir la félicité sans mesure ; à laquelle puissions-nous tous parvenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire, puissance, honneur au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XIII.


JE VOUS DIS DONC, ET JE VOUS CONJURE PAR LE SEIGNEUR, DE NE PLUS MARCHER COMME LES GENTILS QUI MARCHENT DANS LA VANITÉ DE LEURS PENSÉES, QUI ONT L’INTELLIGENCE OBSCURCIE DE TÉNÈBRES, ENTIÈREMENT ÉLOIGNÉS DE LA VIE DE DIEU, PAR L’IGNORANCE QUI EST EN EUX, A CAUSE DE L’AVEUGLEMENT DE LEUR CŒUR, QUI, AYANT PERDU TOUT ESPOIR, SE SONT LIVRÉS A L’IMPUDICITÉ, A TOUTES SORTES DE DISSOLUTIONS, A L’AVARICE. (IV, 17-19, JUSQU’À 24)

Analyse.

  • 1 et 2. De l’aveuglement volontaire. – Le vieil homme et l’homme nouveau.
  • 3 et 4. Les moines et les religieuses au temps de saint Jean Chrysostome. – Règles moins rigoureuses à l’usage des faibles. – Vertus des femmes, proposées en exemple aux hommes.

1. Cela ne s’adresse point seulement aux Éphésiens ; c’est encore à vous que ce langage est tenu, non par nous, mais par Paul lui-même, ou plutôt, ni par nous, ni par Paul, mais par la grâce de l’Esprit. Soyez donc dans les dispositions qui conviennent pour écouter une pareille voix. Et d’abord, écoutez ce qu’elle vous dit : « Je vous dis donc, et je vous conjure par le Seigneur, de ne plus marcher comme les gentils, qui marchent dans la vanité de leurs pensées, qui ont l’intelligence obscurcie de ténèbres, entièrement éloignés de la vie de Dieu, par l’ignorance qui est en eux, à cause de l’aveuglement de leur cœur ». Mais si c’est ignorance, aveuglement, que leur reprochez-vous ? Quiconque ignore ne doit point être puni, ni réprimandé, mais instruit des choses qu’il ignore. Mais considérez comment aussitôt il leur enlève cette excuse : « Qui, ayant perdu tout espoir, se sont livrés à l’impudicité, à toutes sortes de dissolutions, à l’avarice. Pour vous, ce n’est pas ainsi que vous avez été instruits touchant le Christ ». Il montre ici que leur aveuglement provient de leur conduite ; et que leur conduite est un fruit de leur propre négligence et de leur apathie. « Qui, ayant perdu tout espoir, se sont livrés ». Ainsi donc, quand vous entendrez dire que Dieu les a livrés au sens réprouvé (Rom. 1,23), souvenez-vous de cette parole, qu’ils se sont livrés eux-mêmes. S’ils se sont livrés eux-mêmes, comment Dieu les a-t-il livrés ? Ou si c’est Dieu, comment eux-mêmes se sont-ils livrés ?