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INTRODUCTION AUX HOMÉLIES DE SAINT J. CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS

Parmi les plus distingués des écrits de notre Père qui concernent saint Paul, il faut compter les Homélies sur l’épître aux Éphésiens : tant à cause de l’abondance et de l’exactitude du commentaire qu’à cause de l’importance des matières qui y sont traitées.

En tête, se trouve un préambule concernant la ville d’Éphèse, illustrée précédemment par le séjour de saint Jean l’évangéliste et par celui de Timothée. — Éphèse était renommée dans l’antiquité païenne pour le culte qu’elle rendait à Diane, et aussi pour ses écoles de philosophie, dont quelques-unes paraissent avoir subsisté encore au temps de saint Jean Chrysostome.

Ces Homélies ont-elles été prononcées à Antioche ou à Constantinople ? Tillemont penche pour Antioche : en effet, dans sa onzième Homélie, le saint Orateur s’élève avec chaleur contre les auteurs d’un schisme qui divisait alors son église : or, cela ne peut s’appliquer à l’église de Constantinople. Sans doute il est question ici du schisme Eustathien, qui subsistait encore à Antioche : il sera bon d’en toucher, ici même, quelques mots.

Eustathe, évêque d’Antioche, homme d’une conduite et d’une orthodoxie irréprochables, et par là même en horreur aux Ariens, fut exilé, par leur influence, vers l’an 330, et remplacé par un évêque arien, auquel succédèrent plusieurs hérétiques de la même secte : les Eustathiens, de leur côté, continuant à pratiquer le culte séparément. Enfin, les Ariens nommèrent évêque, Mélèce, qu’ils croyaient de leur secte. Bientôt ils reconnurent qu’ils s’étaient trompés. Ils exilèrent alors cet évêque, et le remplacèrent par un arien, Euzoïus. Il y eut alors trois partis dans Antioche : celui d’Eustathe, celui de Mélèce, et celui des Ariens. Bientôt, malgré les réclamations d’Athanase et d’autres évêques, Paulin, du parti d’Eustathe, fut ordonné évêque : de sorte qu’Antioche compta dans son sein jusqu’à trois évêques, Mélèce, Paulin et Euzoïus. Par la suite les Ariens s’affaiblissent ; Mélèce et Paulin conservent seuls le titre d’évêques ; mais le schisme n’en continua pas moins au milieu de divisions et de querelles sans nombre. Voilà les désordres auxquels saint Jean Chrysostome fait évidemment allusion : et l’on ne peut douter qu’il n’ait en vue l’église d’Antioche.

Autre indice non moins significatif : il célèbre en plusieurs endroits les vertus des anachorètes retirés sur les montagnes. On ne trouve rien de pareil dans les Homélies prononcées à Constantinople. Loin de là, elles sont pleines de censures dirigées contre les vices des moines qui habitaient aux environs de Constantinople, et contre leur oubli des anciennes maximes : sans compter que saint Jean Chrysostome n’indique nulle part, sauf erreur, que ces moines aient habité les montagnes. Ici, au contraire, son langage est tout différent : il suffira de rappeler la vingt-et-unième Homélie, et l’éloge