Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/430

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riche. Et à quoi bon vous parler de ces trois cent dix-huit serviteurs ? La terre entière appartenait à sa race, en vertu des promesses, elle avait pour époux, l’ami de Dieu, elle avait Dieu lui-même pour protecteur, honneur qui surpasse toutes les royautés. Eh bien ! à ce faîte resplendissant de gloire, elle-même mélangeait la farine ; rendait de ses propres mains tous les autres services, et envers les hôtes assis à sa table, elle remplissait l’office d’une servante. Tu n’es pas, ô homme, de meilleure noblesse qu’Abraham, qui faisait les fonctions des serviteurs, après ses glorieux trophées, après ses victoires, après avoir reçu tant d’honneurs du roi d’Égypte, après avoir, chassé devant lui les rois de Perse, après avoir dressé les trophées de ses faits d’armes éclatants. Et ne considérez pas l’aspect mi>érable des saints qui sont portés vers vous, des mendiants, des malheureux en haillons, pour la plupart ; rappelez-vous la parole qui vous dit : « Autant de fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi-même que vous l’avez fait » ; et : « Ne méprisez aucun de ces petits, parce que leurs anges voient sans cesse la face de notre Père qui est dans les cieux » (Mt. 25,40 ; 18, 10) ; recevez-les avec joie. ; leurs saluts de paix vous apportent des biens en foule.
En même temps que vous méditez sur Sara, voyez aussi Rébecca ; elle puisait de l’eau, elle donnait à boire, elle invitait l’étranger à entrer dans sa demeure, elle foulait tout orgueil à ses pieds ; aussi a-t-elle reçu les grandes récompenses de son hospitalité. Il ne tient qu’à vous d’en recevoir de plus grandes encore. Car ce n’est pas seulement un fils que Dieu vous donnera pour récompense, mais le ciel, et tous les biens qu’il renferme, et plus de géhenne à redouter, plus de péchés à expier ! Il est grand, n’en doutez pas, il est d’une grandeur incomparable, le fruit de l’hospitalité.
C’est ainsi que Jéthro ; tout barbare qu’il était, eut pour gendre celui qui commandait à la mer avec tant d’autorité ; ses filles, dans leurs filets, prirent cette proie si digne d’être enviée. Réfléchis, ô femme, à ces vieilles histoires, médite sur lés vertus viriles des femmes d’autrefois, et foule donc aux pieds le faste présent, et les parures, et la toilette, et toutes les dorures, avec tous tes parfums ; loin de toi la nonchalance, la lâche délicatesse, le calcul dans les allures du corps et dans la démarche, toutes ces préoccupations de la chair, applique-les à ton âme, et allume dans ton âme le désir du ciel. Une fois brûlante de cet amour, tu reconnaîtras ce qui n’est que boue et fumier, tu tourneras en dérision ce que tu admires maintenant ; il n’est pas possible qu’une femme embellie des perfections spirituelles recherche ce qui ne mérite que les rires du mépris. Rejetant donc, ô femme, loin de toi, ce qui ne charme que les femmes des places publiques, ce qui fait la joie des sauteuses et des joueuses de flûte, fais ta vie de l’hospitalité, des services à rendre aux saints, de la componction du cœur, de l’assiduité dans les prières. Voilà ce qui vaut mieux que des vêtements d’or, voilà ce qui est plus digne de nos respects que des pierreries et que des colliers ; voilà ce qui fait la considération auprès des hommes, et ce qui assure de la part de Dieu, une magnifique récompense. Voilà la parure de l’Église, l’autre est pour les théâtres ; voilà ce qui convient au ciel ; l’autre est bonne pour des chevaux et pour des mulets ; cette autre, on la met jusque sur des corps morts, la parure dont je parle, elle brille, mais seulement dans l’âme juste, de tout l’éclat du Christ qui réside en elle. Sachons donc mettre la main sur cette parure, afin d’être partout, nous aussi, célébrés et glorieux, afin d’être agréables à Jésus-Christ, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.