Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/365

Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE XX.


JE VOUS CONJURE DONC, MES FRÈRES, PAR LA MISÉRICORDE DE DIEU, D’OFFRIR VOS CORPS EN HOSTIE VIVANTE, SAINTE, AGRÉABLE A DIEU, POUR QUE VOTRE CULTE SOIT RAISONNABLE. (XII, 1, JUSQU’À 3)

Analyse.

  • 1. offrir à Dieu son corps comme une hostie vivante et de quelle manière.
  • 2. Ne pas se conformer à ce siècle dont la figure ne fait que passer. – Se transformer par le renouvellement de l’Esprit. – En quoi consiste ce renouvellement, saint Chrysostome fait remarquer que saint Paul ne dit pas transfigurez-vous ; mais transformez-vous, indiquant ainsi que la vertu n’est pas seulement une figure qui passe, mais une forme vraie qui demeure.
  • 3. Partout l’apôtre parle un langage humble et bienveillant, s’effaçant toujours pour laisser paraître le Maître souverain, rappelant les bienfaits de Dieu plutôt que ses lois et ses prescriptions. – Que l’humilité est la source de tous les biens.
  • 4. Contre la vaine gloire. – Que l’orgueil est une véritable folie.


1. Après avoir beaucoup parlé de la libéralité de Dieu, montré son ineffable Providence, sa bonté infinie, que personne ne peut sonder, il la met de nouveau en avant pour déterminer ceux qui ont reçu tant de dons et tant de bienfaits à s’en rendre dignes par leur conduite. Si grand, si élevé qu’il soit, il veut bien condescendre à la suppléer, et cela, non à son profit personnel, mais en vue de leurs propres avantages. Et comment vous étonner qu’il descende à des prières, quand il parle des miséricordes de Dieu ? Puisque, dit-il, les miséricordes de Dieu ont été pour vous la source d’une multitude de biens, respectez-les, recourez-y humblement : car elles-mêmes prient pour que vous ne fassiez rien qui soit indigne d’elles. C’est donc, ajoute-t-il, par elles que je vous supplie, par elles qui vous ont sauvés ; comme si, pour faire honte à quelqu’un qui aurait reçu de grands bienfaits, on lui amenait en qualité de suppliant, ce bienfaiteur lui-même. Mais que demandez-vous, dites-moi ? « Que vous offriez vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, pour que votre culte soit raisonnable ». Après qu’il a dit « Hostie », pour qu’on ne s’imagine pas qu’il s’agisse d’immoler le corps, il ajoute : « Vivante ». Puis pour distinguer cette hostie de l’hostie judaïque, il dit « Sainte, agréable à Dieu, pour que votre culte soit raisonnable » ; car celle des Juifs était matérielle et peu agréable à Dieu. « Car », disait le Seigneur, « qui a demandé ces victimes de vos mains ? » (Is. 1,42) Et souvent ailleurs Dieu semble repousser les victimes de ce genre. Mais il ne demandait point encore celle-ci, ou plutôt il la demandait, même quand les autres lui étaient offertes. C’est pourquoi il est écrit : « Je serai honoré par un sacrifice de louange ». (Ps. 49) Et encore : « Je célébrerai le nom de mon Dieu par un cantique, qui sera plus agréable à Dieu que le sacrifice d’un veau, dont les cornes et les ongles commencent à paraître ». (Ps. 63) Ailleurs encore Dieu rejette ce genre d’hosties en disant : « Est-ce que je mange la chair des taureaux ? Est-ce que je bois le sang des boucs ? » Et il ajoute : « Offrez à Dieu un sacrifice de louange et acquittez les vœux que vous avez faits au Très-Haut », (Ps. 49) C’est aussi ce que Paul demande ici : « Offrez vos corps en hostie vivante ».
Mais comment, direz-vous, le corps peut-il être une hostie ? Que votre œil ne se fixe sur rien de mauvais, et il devient une hostie ; que votre langue ne profère rien de coupable, et elle devient une offrande ; que votre main ne fasse rien contre la loi, et elle devient un holocauste. Ou plutôt cela ne suffit pas, mais il faut y ajouter la pratique des bonnes œuvres,