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HOMÉLIE XIII.


AH NOUS SAVONS QUE LA LOI EST SPIRITUELLE, ET MOI JE SUIS CHARNEL, VENDU COMME ESCLAVE AU PÉCHÉ. (VII, 14, JUSQU’À VIII, 11)

Analyse.

  • 1. La loi est spirituelle et elle a l’approbation de notre raison.
  • 2. Mais la convoitise qui est en nous obscurcit notre raison et ébranle notre bonne volonté.
  • 3. Il en résulte une lutte intérieure entre ce que saint Paul appelle la chair et l’esprit. – Ce n’est pas que la chair soit mauvaise par sa nature et qu’elle soit la cause du mal, non, elle n’en est que l’occasion. – Qui nous délivrera de cette concupiscence dont la victoire fait notre malheur ? Ce sera Jésus-Christ.
  • 4. L’homme qui a parc à la vraie foi en Jésus-Christ est soustrait par l’esprit de Jésus-Christ au péché et à la condamnation. – Il a la vie de l’esprit. – C’est ainsi que Jésus-Christ a fait ce que la loi de Moïse n’avait pu faire.
  • 5. Il n’y a donc lias antagonisme entre Moïse et Jésus-Christ, puisque la loi de Jésus-Christ, ou la loi de grâce est venue en aide à la loi de Moïse. – Moïse avait enseigné à discerner le bien du mal, Jésus-Christ a donné le moyen de faire le bleu. – Enseigner était chose facile, donner la force de pratiquer, voilà ce qui est digne d’admiration. – Comment Jésus-Christ a rendu notre chair victorieuse du péché. – Cette victoire de Jésus-Christ a procuré à ceux qui n’obéissent pas à la convoitise charnelle la justification qui est le but de la loi.
  • 6. Ne perdons pas ce trésor, et pour cela ne vivons plus selon la chair, mais selon l’Esprit. – Le sens charnel a pour conséquence et pour effet la mort, la mortification de la chair par l’Esprit produit la vie.
  • 7. Comment la grâce de l’Esprit a tout renouvelé.
  • 8. Effets de la présence de Jésus-Christ et du Saint-Esprit dans l’âme. – Le Saint-Esprit, source de la résurrection.

9-11. Avantages de la mortification. – Contre les excès du vin et contre l’avarice.
1. Après avoir dit que le mal a été grand, que le péché est devenu plus puissant à l’occasion de la loi, que le contraire de ce que la loi avait en vue est arrivé, et avoir jeté l’auditeur dans un grand embarras, il donne enfin la raison de toutes ces choses, mais sans avoir d’abord dégagé la loi de tout soupçon injuste. De peur qu’en entendant dire que le péché a pris occasion de la loi, que la présence du commandement l’a fait revivre, que c’est par son entremise qu’il a trompé et donné la mort ; de peur, dis-je, qu’en entendant dire cela, quelqu’un ne s’imaginât due la loi était responsable de tous ces maux, il l’a d’abord justifiée surabondamment, et l’a non seulement purgée de toute accusation, mais encore comblée d’éloges. Et il ne parle pas comme faisant ici une concession personnelle, mais comme exprimant le sentiment de t’out le monde. « Nous savons », dit-il, « que la loi est spirituelle » ; comme s’il disait : C’est chose convenue, évidente, qu’elle est spirituelle ; tant il, s’en faut qu’elle soit la cause du péché et responsable des maux survenus. Et voyez comment, non content de la laver de tout reproche, il fait d’elle le plus grand éloge. En effet, en l’appelant spirituelle, il fait voir qu’elle enseignait la vertu et combattait le vice : car être spirituel, c’est éloigner de tolus les péchés : ce que la loi faisait réellement, en effrayant, en avertissant, en punissant, en corrigeant, en donnant tous les conseils qui conduisent à la vertu. Pourquoi donc, demande-t-il, le péché a-t-il existé, puisque le maître était si merveilleux ? Par la lâcheté des disciples. Aussi ajoute-t-il : « Et moi je suis charnel », par où il désigne l’homme qui a vécu sous la loi et avant la loi.
« Vendu comme esclave au péché ». Avec la mort, dit-il, les passions sont arrivées en foule. Le corps, une fois devenu mortel,.a nécessairement subi la concupiscence, la colère, la tristesse et toutes les autres affections ; et il fallait beaucoup de sagesse pour les empêcher de déborder et de plonger la raison dans l’abîme du, péché. Car elles n’étaient point