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HOMÉLIE XI.


SI, EN EFFET, NOUS AVONS ÉTÉ ENTÉS[1] EN LA RESSEMBLANCE DE SA MORT, NOUS LE SERONS AUSSI EN CELLE DE SA RÉSURRECTION. (VI, 5, JUSQU’À 18)

Analyse.

  • 1. Quoique par Jésus-Christ la grâce ait pris un empire d’autant plus grand que le péché était plus puissant, il ne s’ensuit pas que celui qui a été justifié par la vraie foi, doive continuer de pécher ; loin de là, la justification par la foi implique une vie sainte.
  • 2. C’est ce que signifie le baptisme, qui est une figure de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, et qui ainsi nous engage à nous défaire du péché, et à commencer une vie nouvelle et sainte. Jésus-Christ est venu redresser la volonté et non changer la nature.
  • 3. Le corps est comme une arme dans la main de la volonté qui peut en faire un usage bon ou mauvais.
  • 4. Et cette vie de sainteté doit être durable, parce que Jésus-Christ vit désormais d’une vie immortelle, et elle peut l’être, parce que le péché ne domine plus sur nous, attendu que nous ne sommes plus sous la loi pure, mais que nous sommes devenus participants aux trésors de grâces de Jésus-Christ.
  • 5. Qu’il y a divers genres, de mort.
  • 6. Le pécheur ne comprend pas sa misère. – Contre la superfluité des ameublements.


1. Je l’ai déjà dit plus haut et je le répète encore aujourd’hui : l’apôtre fait souvent des digressions dans la morale, non cependant comme dans ses autres épîtres ; qu’il divise en deux parties : l’une destinée aux dogmes ; et l’autre à la direction des mœurs. Ici il ne procède point de même ; mais il passe alternativement de l’un à l’autre genre, afin de faire accepter facilement ses paroles. Il déclare donc qu’il y a deux espèces de mort : lune opérée par le Christ dans le baptême, et l’autre qui doit être le résultat de nos propres efforts. En effet, que nos anciens péchés aient été ensevelis, c’est là le don de Dieu ; mais qu’après le baptême nous restions morts au péché, ce doit être l’œuvre, de notre zèle, quoique nous y voyions encore en très-grande partie le secours divin, non seulement le baptême a la vertu d’effacer les péchés passés, mais il nous prémunit encore contre les péchés à venir. Comme donc vous avez apporté la foi pour effacer les premiers, ainsi montrez dans la suite un changement de volonté, afin de ne pas vous souiller de nouveau. Ce sont ces conseils et d’autres semblables que l’apôtre donne, en disant : « Si, en effet, nous avons été entés en la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi en celle de sa résurrection ». Voyez-vous comme il relève son auditeur, en l’amenant tout d’abord à son maître et en s’efforçant de faire voir entre eux, beaucoup de traits de ressemblance ? C’est pour cela qu’il ne dit point : En sa mort, de peur qu’on ne le contredise : « Mais en la ressemblance de sa mort » ; car, notre substance n’est pas morte, mais bien l’homme né du péché, c’est-à-dire le vice. Il ne dit point non plus : Si nous avons participé à la ressemblance de sa mort ; que dit-il donc ? « Si en effet nous avons été entés », indiquant par ce mot « Entés », les fruits que cette mort a produits en nous. Car comme le corps du Christ enseveli en terre a produit pour fruit le salut du monde, ainsi le nôtre, enseveli dans le baptême a produit pour fruit la justice, la sanctification, l’adoption, des biens sans nombre, et produira en dernier lieu le don de la résurrection.
Mais comme nous avons été ensevelis dans l’eau et lui dans la terre, nous par rapport au péché, et lui par rapport à son corps, l’apôtre ne dit pas : Entés en sa mort ; mais « Entés en la ressemblance de sa mort » : car il y a mort ici et là,

  1. Vieux français pour greffer