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faire. Car il n’est rien, non rien, dont l’amour ne triomphe ; et quand c’est l’amour de Dieu, il l’emporte sur tous les autres, et ni le feu, ni le fer, ni la maladie, ni la pauvreté, ni l’infirmité, ni la mort, ni rien de semblable ne paraît pénible à celui qui le possède ; il rit de tout, il prend son vol vers le ciel, et n’éprouve pas d’autres sentiments que ceux qui y habitent, ne voit pas autre chose qu’eux : non pas le ciel, ni la terre, ni la mer, mais l’iniquement la beauté de cette gloire ; les misères de la vie présente ne sauraient l’abattre, ni ses biens et ses plaisirs l’enorgueillir et l’enfler. Aimons donc cet amour (car rien ne l’égale) et pour le présent et pour l’avenir ; mais surtout, pour lui-même ; nous serons ainsi délivrés des châtiments de cette vie et de l’autre, et nous obtiendrons le royaume. Du reste, être délivré de l’enfer et en possession du royaume, c’est peu de chose en comparaison de ce que je vais dire : « Aimer le Christ et en être aimé est bien au-dessus de tout cela. Si en effet l’amour mutuel chez les hommes mêmes est la plus grande des voluptés, quand il s’agit de Dieu, quelle parole, quelle pensée pourrait exprimer le bonheur de l’âme ? Il n’y a que l’expérience qui le puisse. Afin donc de connaître par expérience cette joie spirituelle, cette vie heureuse, ce trésor inépuisable de biens, quittons tout, attachons-nous à cet amour, et pour notre propre bonheur et pour la gloire du Dieu qui en est l’objet ; car la gloire et l’empire sont à lui, comme au Fils unique et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


HOMÉLIE X.


C’EST POURQUOI, COMME LE PÉCHÉ EST ENTRÉ DANS LE MONDE PAR UN SEUL HOMME, ET LA MORT PAR LE PÉCHÉ, AINSI LA MORT A PASSÉ DANS TOUS LES HOMMES PAR CELUI EN QUI TOUS ONT PÉCHÉ. (V, 12, JUSQU’À VI, 4)

Analyse.

  • 1. Par Adam, le péché et la mort entrèrent dans le monde ; par Jésus-Christ ; nous obtenons le pardon de nos péchés et la félicité éternelle.
  • 2. Avec le péché originel la grâce efface encore tous les autres. – La justice est la racine de la vie.
  • 3 et 4. La loi de Moise ne pouvait remédier à la ruine qui était une suite du péché d’Adam ; bien plus, depuis cette loi le péché régna avec encore plus de force ; mais par Jésus-Christ, le règne de la grâce est devenu plus étendu et plus fort que celui du péché.
  • 5 et 6. État d’une âme qui se néglige et qui retourne après sa conversion, à sa première vie. – Bonté et charité de Dieu envers ceux qui se convertissent. – Artifices du démon pour perdre les âmes.


1. Comme les bons médecins s’attachent toujours à trouver la racine des maladies et remontent à fa source même du mal, ainsi fait le bienheureux Paul. Après avoir dit que nous sommes justifiés et l’avoir prouvé par le patriarche, par l’Esprit, par la mort du Christ (car il ne serait pas mort, si ce n’eût été pour nous justifier), il confirme encore ces preuves par des démonstrations prises à une autre source ; et prenant le sujet en sens contraire, c’est-à-dire au point de vue de la mort et du péché, il se demande comment et par où la mort est entrée et comment elle a établi sols empire. Comment donc la mort est-elle entrée, et comment a-t-elle établi son empire ? Par le péché d’un seul homme. Mais que veulent dire ces mots : « En qui tous ont péché ? »