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de la justice et que vous n’ayez pas la justice, vous n’avez pas même le signe. Car vous avez reçu le signe pour chercher la chose dont vous avez le signe ; en sorte que si vous cherchez la chose signifiée sans le signe, le signe ne vous est pas nécessaire, non seulement la circoncision annonce la justice, mais la justice des incirconcis. La circoncision n’annonce donc pas autre chose que l’inutilité de la circoncision.
« Et si ceux qui ont reçu la loi sont héritiers, la foi devient vaine, et la promesse est « abolie (14) ». Il a montré que la foi est nécessaire, qu’elle est antérieure à la circoncision, qu’elle est plus puissante que la loi, qu’elle affermit la loi. En effet si tous ont péché, elle est nécessaire ; si Abraham encore incirconcis a été justifié, elle est antérieure à la circoncision ; si par la loi on a la connaissance du péché, et si elle a été manifestée dans la loi, elle est plus puissante que la loi ; si elle a reçu le témoignage de la loi et qu’elle l’affermisse, elle n’est point son ennemie, mais son amie et son auxiliaire dans le combat. Il prouve d’autre part qu’il n’était pas possible d’obtenir l’héritage par là loi ; après avoir comparé la foi à la circoncision et remporté la victoire, il revient encore à la comparaison en disant : « Et si ceux qui ont reçu la loi sont héritiers, la foi devient vaine ». Et pour qu’on ne dise pas qu’il est possible d’avoir la foi et d’observer la loi, il montre que cela est impossible. Car celui qui tient à la loi comme à un moyen de salut méconnaît la puissance de la foi. Voilà pourquoi il dit : « La foi devient vaine », c’est-à-dire, il n’y a plus besoin du salut par la foi, puisqu’elle ne peut plus faire preuve de sa vertu, et la promesse est réduite à néant. En effet, le Juif aurait pu dire : Qu’ai-je besoin de la foi ? Donc s’il en était ainsi, tout ce qui regarde la promesse disparaîtrait avec la foi.
4. Voyez comme il démontre qu’ils ont eu tous et depuis le commencement, le patriarche pour adversaire. En effet, après avoir montré que la justice partage le sort de la foi, il prouve qu’il en est de même de la promesse. Et de peur que le Juif ne dise : Que m’importe qu’Abraham ait été justifié par la foi ? Paul répond : Même ce qui te touche le plus, la promesse de l’héritage, ne peut être réalisé sans elle. Et c’était ce qui, les effrayait le plus. Quelle promesse, direz-vous ? La promesse d’hériter du monde entier, et de voir toutes les nations bénies en sa personne. Puis Paul explique comment cette promesse a été abolie « Attendu que la loi opère la colère : car là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas de prévarication (15) ».
Si donc elle opère la colère et rend sujet à la prévarication, il est clair qu’elle rend aussi sujet à là malédiction. Or, ceux qui sont sujets à là malédiction, au châtiment et à la prévarication ne sont pas dignes de l’héritage ; ils ne méritent que le supplice et l’expulsion. Qu’arrive-t-il alors ? La foi vient, attirée par la grâce, de manière à ce que la promesse soit accomplie. Car où est la grâce, là est le pardon ; là où est le pardon, il n’y a plus de châtiment ; et dire que le châtiment a disparu et que la justice est venue par la foi, rien n’empêche qu’on hérite de la promesse de la foi. « Aussi », dit-il, « c’est à la foi qu’est attachée la promesse, afin qu’elle soit gratuite et assurée à toute la postérité d’Abraham, non seulement à celle qui a reçu la loi, mais encore à celle qui suit la foi d’Abraham, qui est le père de nous tous (16) ». Voyez-vous que non seulement la foi affermit la loi, mais qu’elle ne laisse pas la promesse de Dieu tomber à vide ; tandis qu’au contraire la loi, observée au-delà de son terme, annule la foi, et empêche l’accomplissement de la promesse ?
Par tout cela il fait voir non seulement que la foi n’est pas superflue, mais qu’elle est tellement nécessaire que sans elle on ne peut se sauver, d’un côté la loi opère la colère, car tous l’ont transgressée ; de l’autre la foi rend dès l’abord la colère impossible. « Là où il n’y a pas de loi », nous dit-il, « il n’y a point « de prévarication ». Voyez-vous comme non seulement elle efface le péché, mais l’empêche même de naître ? Aussi dit-il : « Gratuite ». Pourquoi ? Ce n’est pas pour nous faire rougir, mais : « Afin qu’elle soit assurée à toute la postérité d’Abraham ». Il établit ici deux avantages : les dons sont assurés et ils le sont à toute la postérité ; comprenant les Gentils sous ces expressions, et indiquant que les Juifs seront exclus, s’ils disputent contre la foi. Car la foi est plus solide que la loi ; elle ne nous fait point de tort (ne le contestez pas), elle vous sauve même des périls où la loi vous expose. Après avoir dit : « À toute la postérité », il détermine quelle espèce de postérité. « À