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eux-mêmes, le Christ est venu pour réprimer leur insolence. Celui, qui se dit : « Le maître des enfants », qui se glorifie dans sa loi, qui s’appelle « Le docteur des ignorants » et qui a aussi besoin qu’eux de maître et de Sauveur, celui-là n’a pas de raison de se glorifier. Car si déjà auparavant la circoncision était devenue incirconcision, à plus forte raison maintenant : les deux époques la rejettent. Après avoir dit : « Est exclu », il dit comment. Et comment ? « Par quelle loi ? Des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi ».
4. Voilà qu’il appelle la foi une loi, adoptant volontiers ces dénominations, pour écarter toute apparence de nouveauté. Or, quelle est la loi de la foi ? Le salut par la grâce Ici il fait voir la puissance de Dieu, qui non seulement a sauvé, mais justifié, mais procuré des motifs de gloire, et cela sans les œuvres et en ne demandant que la foi. L’apôtre parle ainsi pour inspirer la modestie au Juif croyant, et contenir, et attirer celui qui ne croit pas. En effet celui qui est sauvé, s’il est tenté de se glorifier de la loi, apprendra qu’elle lui ferme la bouche, qu’elle l’accuse, qu’elle était un obstacle à son salut, qu’elle lui ôtait out sujet dé gloire ; et celui qui ne croit pas, devenu humble par les mêmes motifs, pourra arriver à la foi. Voyez-vous comme la foi est puissante ? comme elle détache du passé, en ne souffrant pas qu’on s’en glorifie ?
« Nous reconnaissons donc que l’homme est a justifié par la foi, sans les œuvres de la loi (18) ». Après avoir montré que ceux qui croient s’ont supérieurs aux Juifs, il parle de la foi avec une grande liberté et calme le trouble qui semblait en résulter. En effet deux choses troublaient ici les Juifs : l’une que ceux qui n’avaient pu, être sauvés par les œuvres, le fussent sans les œuvres ; l’autre que les incirconcis jouissent à juste titre des mêmes avantages que ceux qui avaient si longtemps vécu sous la loi : et ce dernier point les révoltait bien plus que l’autre. C’est pourquoi Paul, après avoir prouvé le premier, passe au second, qui troublait tellement les Juifs que, même après avoir reçu la foi, ils en firent une matière de reproche à Pierre, à l’occasion de Corneille et de ce qui le concernait lui-même. Que dit-il donc ? « Nous reconnaissons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi ». Il ne dit pas le Juif, l’homme qui était sous la loi, mais « L’homme », en terme générique, étendant ainsi son langage, et ouvrant au monde entier les portes du salut.
Puis, à ce propos, il résout une objection qui n’avait pas encore été posée Car comme il était vraisemblable que les Juifs, entendant dire que tout homme est justifié par la foi, en seraient blessés et scandalisés, il ajoute : « Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement ? » Comme s’il disait : Pourquoi trouves-tu absurde que tout homme soit sauvé ? Dieu est-il partial ? Par là il leur fait sentir qu’en voulant faire tort aux gentils, c’est la gloire de Dieu même qu’ils attaquent, puisqu’ils ne veulent pas qu’il soit le Dieu de tous. Or s’il est le Dieu de tous, il pourvoit à tous ; et s’il pourvoit à tous, il les sauve tous également par la foi. C’est ce qui lui fait dire : « Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement ? Ne l’est-il pas aussi des Gentils ? Oui, certes, des Gentils aussi (29) », Car il n’est pas Dieu en partie, comme les divinités fabuleuses des Grecs, mais le Dieu universel et unique. C’est pourquoi, Paul ajoute : « Puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu » : c’est-à-dire un seul Maître des uns et des autres. Que si vous me parlez de l’ancien ordre des choses, je vous dirai que, même alors, la Providence était pour tout le monde, quoique d’une autre manière : en effet la loi écrite vous avait été donnée, à eux la loi naturelle ; et ils n’étaient pas moins bien partagés que vous. Ils pouvaient même l’emporter, s’ils l’eussent voulu. C’est à quoi il fait allusion quand il ajoute « Qui justifiera les circoncis par la foi et les incirconcis parla foi (30) », leur rappelant ainsi ce qu’il leur a dit plus haut sur la circoncision et sur l’incirconcision, quand il leur a prouvé qu’entre ces deux choses il n’y avait point de différence. Or s’il n’y avait point de différence alors, à plus forte raison maintenant ; et pour le prouver plus clairement, il fait voir, que l’un et l’autre ont besoin de la foi. « Nous détruisons donc la loi par la foi ? Loin de là : au contraire, nous établissons la loi ». Voyez-vous cette prudence habile et vraiment admirable ? Par le fait même de cette expression : « Nous établissons », il indique que la loi n’existe plus, qu’elle est détruite.
Voyez aussi quel puissant génie que celui de Paul, et avec quelle facilité il prouve ce qu’il veut ! Il démontre ici non seulement que la foi ne ruine pas la loi, mais qu’elle lui vient en aide au contraire, de même que la loi a préparé