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comme si nous – détournions une partie de l’argent qui nous est confié ; pour ce motif nous avons envoyé des hommes de ce caractère ; pour ce motif nous en avons envoyé non pas seulement un, mais deux, mais trois. Voyez-vous comme il les met à l’abri de tout soupçon ? Ce n’est pas, seulement en s’appuyant sur leur prédication' ni même simplement sur le choix que l’on a fait d’eux, mais il s’autorise de ce qu’ils sont connus, et de ce qu’on les a choisis tout exprès peur qu’ils ne pussent être soupçonnés. Il n’a pas dit non plus : De peur que vous ne nous blâmiez ; mais : « Que personne ne nous blâme » ;. c’est-à-dire, personne autre que vous. Ainsi, bien qu’il ait fait cela pour eux ce qu’il donné à entendre par ces mots : « Pour la gloire du Seigneur lui-même, et dans l’intérêt de votre zèle » ; néanmoins il ne veut pas se blesser, et il prend un autre tour : « Ayant ceci pour but ». Et non content de cela, il les flatte encore dans ce qui vient ensuite : « Dans cette abondance que nous dispensons » ; il accompagne d’un, éloge ce qui serait dur à entendre. Afin de ne pas les contrister, afin qu’ils ne disent pas : Tu crois donc devoir nous soupçonner ? Nous sommes donc assez malheureux pour t’être suspects à cet égard ? Il leur dit par manière de correctif : Les sommes d’argent que vous envoyez sont considérables, et cette abondance, c’est-à-dire, cette quantité d’argent serait de nature à donner des soupçons aux méchants, si nous ne faisions voir une garantie. « Car nous pour voyons au bien, non seulement aux yeux de Dieu, mais encore aux yeux des hommes (21) ».
Comment égaler saint Paul ? Il ne dit pas : Malheur et douleur à qui viendrait soupçonner pareille chose ; tant que ma conscience ne me condamne pas, je tiens pour rien les soupçons d’autrui. Non, mais plus ils sont faibles, plus il s’abaisse à leur niveau.. C’est qu’en effet, lorsqu’un homme est malade, il ne s’agit pas de se fâcher contre lui, il faut tâcher de le guérir. Et cependant, de quel péché sommes-nous aussi éloignés, que ce grand saint était loin de prêter à un tel soupçon ? personne, eût-ce été un démon, n’eût élevé, aucun doute sur la manière dont le bienheureux apôtre administrait cette aumône. Eh bien ! quoique si fort à l’abri des interprétations malignes, il fait tout, il met tout en couvre, pour ne pas laisser même le plus léger prétexte à qui s’aviserait de faire, d’une manière ou d’une autre, quelque supposition mauvaise. Il prévient non seulement les accusations, mais encore les reproches, le blâme le plus vulgaire et jusqu’au simple soupçon. « Nous avons aussi envoyé avec eux notre frère (22) ». En voilà donc un troisième qu’il adjoint aux deux autres, également avec éloge, et avec son suffrage et celui de plusieurs autres témoins. « Que nous avons », dit-il, « éprouvé souvent en mainte circonstance comme un homme zélé, et à présent comme bien plus zélé encore (Id) ». Après avoir loué les mérites personnels de ce frère, il l’exalte en raison de sa charité pour les Corinthiens, et ce qu’il disait de Tite que « plus zélé encore lui-même, il était parti de son propre mouvement (17) », il le dit aussi de ce troisième : « Et à présent comme bien plus zélé encore ». Par ces paroles, il fait voir déjà en germe dans leurs cœurs leur amour pour les Corinthiens. Enfin, après avoir montré leurs vertus, il exhorte les Corinthiens dans leur propre intérêt, en disant : « S’il s’agit de Tite il est mon coopérateur, et il travaille avec ravi pour vous (23) ». Que signifie : « S’il s’agit de Tite ? » Voici le sens s’il faut parler de Tite en quelque chose, j’ai à dire qu’il est mon coopérateur, qu’il travaille avec moi. Ou bien encore il entend par là vous faites quelque chose pour Tite vous n’aurez pas obligé le premier venu, car il est mon coopérateur. Et tout en ayant l’air de le louer, il vante les Corinthiens, en montrant que leurs dispositions envers lui sont telles qu’il suffit, pour leur donner lieu d’honorer quelqu’un, de leur faire voir en cette personne le coopérateur de Paul. Toutefois, il ne s’en tient pas encore là, et il ajoute cet autre motif : « Il travaille avec moi pour vous ». non seulement il travaille avec, moi, mais c’est pour des affaires qui vous regardent, c’est pour votre progrès, pour votre avantage, c’est par amitié, par zèle pour vous ; il leur dit tout ce qui était le plus capable de lui gagner leur affection. « S’il s’agit de nos frères (Id) ». C’est-à-dire du bien si vous voulez que je vous parle des autres, ils ont aussi les plus grands droits à vous être recommandés. En effet, eux aussi sont « nos frères », eux aussi « ils sont les apôtres des Églises », c’est-à-dire, envoyés par les Églises. Puis, ce qui est au-dessus de tout, « La gloire du Christ ». Car c’est à Jésus-Christ que se rapporte tout ce qui leur arrive.