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HOMÉLIE XV.


BIEN QUE JE VOUS AIE ATTRISTÉS PAR MA LETTRE, NÉANMOINS JE N’EN SUIS POINT FÂCHÉ, QUOIQUE JE L’AIE ÉTÉ AUPARAVANT. (VII, 8, JUSQU’A 12)

Analyse.


  • 1 et 2. Je ne me repens donc pas de vous avoir écrit ma première lettre, mais je me réjouis de ce que cette lettre vous a inspiré une tristesse qui vous a portés à la pénitence, source du salut. – Je l’ai fait surtout par amour pour vous tous.
  • 3-5. L’art de commander est le premier des arts, et l’agriculture vient après. – Mais il a une autorité plus tante que l’autorité temporelle, c’est l’autorité spirituelle. – Comparaison de ces deux autorités.


1. Maintenant il peut traiter les. Corinthiens avec douceur, puisqu’ils sont revenus de leurs égarements. Il justifie donc la lettre qu’il leur a écrite, et leur – montre les avantages qu’ils en ont retirés. C’est né qu’il avait déjà fait auparavant quand il leur disait : « Du sein de mes tribulations et de mes angoisses, je vous ai écrit non pour vous contrister, mais pour vous faire connaître la vivacité de l’affection que je vous porte ». Il revient sur ce sujet, et développé sa pensée : Il ne dit pas : « Auparavant je me repentais, mais, aujourd’hui je ne me repens plus ». Quelles sont donc ses expressions ? « Je ne me repens point maintenant », dit-il, « quand même je me serais repenti » ; comme s’il disait : Quand même je vous aurais blâmés jusqu’à l’exagération, jusqu’à m’en repentir ensuite ; à la vue des avantages qui en sont résultés, je ne puis plus avoir aucun repentir. Ce n’est pas à dire que ces reproches fussent exagérés ; il s’exprime de la sorte pour mieux faire ensuite leur éloge. Vous avez fait tant de progrès, dit-il, que, vous eusse-je même repris trop vivement et au point de me reprocher à moi-même quelque exagération, je – m’applaudirais, de l’avoir fait, à la pensée du succès obtenu. Quand on a donné aux enfants quelque remède un peu violent, après une amputation par exemple, ou une cautérisation, ou une potion amère, on peut les flatter sans inconvénient c’est ce que fait maintenant l’apôtre à l’égard des Corinthiens. « Je vois que cette lettre vous a contristés dans le moment. Je me réjouis maintenant, non de ce que vous avez été contristés, mais de ce que cette tristesse vous a convertis… (9)».
Après avoir dit : « Je ne me repens point », il s’explique aussitôt, et rappelle l’heureux succès de son épître. Il a raison d’ajouter encore : « Bien que pour quelque temps seulement ». Le chagrin n’a duré qu’un, instant, les avantages ne finiront point. La suite des idées exigeait que l’apôtre dit : Ma lettre vous a contristé un instant, mais cette tristesse a été suivie d’une joie et d’une utilité sans fin. Il procède autrement toutefois, et avant d’exposer ces avantages, il fait de nouveau leur éloge ; et leur exprime toute sa sollicitude à leur égard. « Je me réjouis maintenant, non pas de ce que vous avez été contristés (que « me revient-il en effet de votre tristesse ?) ; « mais de ce que ce chagrin vous a convertis » ; de ce que ce chagrin vous a été avantageux.. Un père qui voit amputer son fils, ne se réjouit certes point d’être témoin de ses souffrances, mais de la guérison qui en résultera. Ainsi en est-il de l’apôtre. « Voyez comme il leur attribue à eux-mêmes l’affaire de leur conversion, et comme il impute à son épître la tristesse qu’ils ont ressentie. Ne leur dit-il pas en effet que sa lettre les a contristés pour quelque temps » ; et n’est-ce pas de leur vertu qu’il fait résulter les avantages produits par sa lettre ? Il n’a pas dit en effet : Mon épître vous a convertis, bien, qu’en cela il eût dit vrai ; mais bien : « De ce que cette tristesse vous a convertis. Vous avez