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Cette fois encore l’attente du Comité fut trompée; nul ne se présenta ; je demeurai inconnu. Dans l’intervalle, Anderson avait réussi à gagner la frontière du Mexique; il s’était embarqué le 28 novembre à Tampico, et le 11 décembre il arrivait à New-York. Espérons qu’il se rendra utile à son pays et à la cause de la liberté; qu’il portera au gouvernement de Washington la bonne nouvelle de l’opposition latente qui s’organise au Texas; qu’il protestera devant le monde, en qualité de témoin oculaire, contre la terreur et le despotisme à l’aide desquels les planteurs entreprennent de réaliser leur projet impie : « l’extension et la perpétuité de l’asservissement.»

En décembre, la législature du Texas imposa aux nègres libres l’alternative de l’exil ou de la rentrée en esclavage. C’était le complément de la mesure qui avait interdit aux maîtres d’affranchir à l’avenir leurs serviteurs. Il n’était plus permis ni d’être généreux, ni de récompenser de bons et loyaux services, ni même de libérer ses esclaves par testament. L’état de nègre libre était regardé par les planteurs « comme une anomalie et un danger.» Déjà les frontières du Texas étaient fermées aux personnes de couleur jouissant de leur liberté, qui venaient des localités voisines. Un mulâtre très-clair, d’origine libre, ayant débarqué l’année dernière à Galveston, on le saisit, on le condamna, et il fut adjugé pour six mois à un maître de la campagne, « pour le produit, dit l’arrêt, être consacré, à l’expiration du terme, à payer les frais du procès et de l’extradition.»

Une autre proposition fut faite en même temps, mais momentanément écartée. Il s’agissait de substituer à la