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ministration de la guerre, à San Antonio, faisait des achats considérables de mules, de chariots, de maïs, préparant des transports pour trois à quatre mille hommes, et des provisions pour six mois. Quiconque a voyagé dans le Far West n’ignore pas les difficultés immenses de la traversée du plateau, pour des masses de plusieurs milliers. Mais la Monnaie de San Francisco, son Bureau de la Garantie, les caveaux des particuliers, les magasins des mines de l’El Dorado, n’offraient-ils point un appât, un butin, dignes de gigantesques efforts ? Ce projet, maintenant avorté, explique le discours énigmatique que je vais rapporter.

Qu’on se représente, sur la place de San Antonio, en face de son église mexicaine de style moresque, un général[1] haranguant une centaine de cavaliers formés en cercle. Vêtus d’un pantalon de coutil à galon orange, et d’une veste de flanelle bleue, ces soldats improvisés portent la carabine posée par la crosse sur la cuisse droite, et maintenue verticale au moyen de la main appliquée à la batterie. Ils accueillent avec des hourrahs, ou plus exactement avec le yell texan qui tient du cri de guerre des sauvages, les paroles de leur orateur.

« Là-bas dans l’Ouest, s’écrie celui-ci, s’ouvre un territoire encore partiellement inconnu, mais dont nous savons assez pour en apprécier la richesse. Les montagnes, les torrents, les plaines, les villes y sont également riches. Il y a de tout, de tout ce qui est le plus précieux

  1. Le général (dernièrement major) Van Dorn, bon officier, caractère bouillant, que des habitudes dispendieuses, contractées dans la vie de frontière, ont porté à renier le drapeau des États-Unis pour un avancement inespéré.