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Lyon et quelques autres villes considérables j’arrivai à Paris ; le séjour de cette capitale devint bien plus long que je ne m’étais proposé, ce que je dois attribuer non seulement aux agrémens avec lesquels on y passe son temps ; mais surtout à la multitude de connaissances que j’eus occassion de faire avec les plus illustres savants de cette grande ville. La première chose que je fis pour cela ce fut de m’adresser au P. Mallebranche chez les P. P. de l’oratoire, qui ayant appris mon nom me reçut avec un accueil des plus tendres.

« Par son moyen je me fis bientôt connaitre des personnes les plus distingués dans les sciences. Car m’ayant marqué qu’à un certain jour de la semaine il y avait chez lui assemblée de gens savants en toute sorte de sciences, et me priant d’y venir aussi autant de fois qu’il me plairait, je ne manquai pas de profiter de cette invitation. La première fois que j’y fus, j’eus le bonheur d’y trouver Mr. le Mq. de l'Hospital, qui passait alors pour un des premiers mathémaciens du royaume. Mais comme en ce temps-là toute la mathématique en France se bornait à l’astronomie, la géométrie et l'algèbre ordinaire, tellement qu’à peine on avait oui parler de nos nouveaux calculs, on peut bien s’imaginer, que dans la première conversation avec Mr. de l’Hopital il fut étrangement surpris de voir la facilité avec laquelle je resolvais sur le champ, comme en jouant, certains problèmes qu’il m’avait proposé et qu’il avouait être insoluble pour l’algèbre commune. Après deux ou trois entretiens que nous eumes ensuite chez le P. Mallebranche je le mis totalement dans le goût de nos nouvelles méthodes ; il ne fallait que lui en ouvrir la route et le mettre