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sur le Triphonium de Dendera. Deux cartouches apposés produisent la légende suivante : ΑΟΤΟΚΡΤΟΡΚΣΡΣ ΑΝΤΟΝΗΝΣ (l’empereur César-Antonin), surnommé toujours vivant[1].

Mais il nous reste encore, monsieur, à jeter un coup-d’œil rapide sur la nature du système phonétique selon lequel ces noms sont écrits, à nous former une idée exacte de la nature des signes qu’il, emploie, et à rechercher aussi les motifs qui purent faire choisir l’image de tel ou tel objet, pour représenter telle consonne ou voyelle plutôt que telle autre.

Quant à l’ensemble du système d’écriture phonétique égyptienne (et nous comprenons à-la-fois sous cette dénomination l’écriture phonétique populaire et l’écriture phonétique hiéroglyphique), il est incontestable que ce système n’est point une écriture purement alphabétique, si l’on doit entendre en effet par alphabétique une écriture représentant rigoureusement, et chacun dans leur ordre propre, tous les sons et toutes les articulations qui forment les mots d’une langue. Nous voyons, en effet, l’écriture phonétique égyptienne, pour représenter le mot César, d’après le génitif grec ΚΑΙΣΑΡΟΣ, se contenter souvent d’assembler les signes des consonnes Κ, Σ, Ρ, Σ, sans s’inquiéter de la diphtongue ni des deux voyelles que l’orthographe grecque exige impérieusement, et nous montrer, par exemple, les noms propres ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΣ, ΒΕΡΕΝΙΚΗ ou plutôt ΒΕΡΕΝΙΚΗΣ,

  1. Voyez ma planche III, no 78.