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semblables à celui que portent dans leurs mains les chefs militaires, qui, sur un des bas-reliefs du palais de Médinet-Abou à Thèbes[1], précèdent et suivent un ancien conquérant égyptien dans une cérémonie triomphale. Cette composition m’a sur-le-champ rappelé l’article du décret porté par les prêtres réunis à Memphis et gravé sur la pierre de Rosette ; article qui ordonne, de représenter dans les temples de l’Égypte l’image du roi Ptolémée Épiphane, à laquelle l’image du Dieu principal du temple présentera l’insigne de la Victoire[2]. Je m’attendais en quelque sorte lire dans les deux cartouches[3] qui sont placés à droite et à gauche de ces bas-reliefs, le nom de Ptolémée Épiphane ; mais on y trouve en réalité la légende ΑΟΤΚΡΤΡ ΚΗΣΡΣ (l’empereur César), toujours vivant ; chéri d’Isis, qui ne peut se rapporter qu’à l’empereur Auguste, dont les médailles grecques frappées en Égypte n’offrent assez ordinairement que ces deux mêmes mots[4] : et je fais remarquer ici cette similitude, dont vous verrez une multitude d’autres exemples, parce que l’autorité qui faisait inscrire les titres et les noms des empereurs sur les temples en écriture hiéroglyphique, était certainement la même qui réglait la légende de leurs médailles d’Égypte. Quant

  1. Description de l’Égypte, Ant., vol. II, planche 11.
  2. Inscription de Rosette, texte grec, ligne 39. Le texte démotique dit l’image du Dieu, ligne 23.
  3. Voyez ma planche II, no 61.
  4. Zoëga, Numi Egyptii imperatorii, pages 3, 8, etc.