Page:Jean-François Champollion - Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Parmi les cartouches recueillis sur les divers édifices de Karnac à Thèbes, et publiés dans la Description de l’Égypte (A., t. III, pl. 38), j’ai remarqué un de ces cartouches numéroté 13[1], composé de signes déjà connus pour la plupart d’après l’analyse précédente, et qui se trouvent dans l’ordre suivant : l’épervier, Α ; le lion en repos, Λ ; un grand vase à anneau, encore inconnu ; le trait recourbé, Σ ; la plume seule, Ε ou toute autre voyelle brève ; le signe vulgairement nommé signe de l’eau, inconnu ; la main ouverte, Τ ; la bouche de face, Ρ ; deux sceptres horizontaux affrontés, encore inconnu. Ces lettres réunies donnent ΑΛ.ΣΕ.ΤΡ. ; et en assignant au vase à anneau la valeur du Κ, à l’hiéroglyphe de l’eau la valeur du Ν, et au signe final la valeur du Σ, on a le mot ΑΛΚΣΕΝΤΡΣ, qui est écrit ainsi, lettre pour lettre, en écriture démotique, dans l’inscription de Rosette et dans le papyrus du cabinet du roi, à la place du nom grec ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΣ[2].

Ce nouveau nom nous donne ainsi trois caractères phonétiques de plus, répondant aux lettres grecques Κ, Ν et Σ.

Il est facile de justifier la valeur que nous leur assignons.

Le vase à anneau est une nouvelle forme du Κ, déjà désigné dans le nom ΚΛΕΟΠΑΤΡΑ, par un quart de cercle. On a déjà vu aussi que la lettre Τ était également représentée par deux signes différents ; mais l’on

  1. V. ma Planche I, no 25.
  2. Idem, no 1 et no 13.