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Le septième caractère est une main ouverte, représentant le Τ ; mais cette main ne se retrouve pas dans le mot Ptolémée, où la seconde lettre, le Τ, est exprimée par un segment de sphère, qui néanmoins est aussi un Τ ; car on verra plus bas pourquoi ces deux signes hiéroglyphiques sont homophones.

Le huitième signe de ΚΛΕΟΠΑΤΡΑ, qui est une bouche vue de face, et qui serait le Ρ, ne se trouve pas dans le cartouche de Ptolémée, et ne doit point y être non plus.

Enfin, le neuvième et dernier signe du nom de la reine, qui doit être la voyelle Α, est en effet l’épervier que nous avons déjà vu représenter cette voyelle dans la troisième syllabe du même nom. ce nom propre est terminé par les deux signes hiéroglyphiques, du genre féminin ; celui de Ptolémée l’est par un autre signe qui consiste en un trait recourbé, et qui équivaut au Σ grec, comme nous le verrons bientôt.

Les signes réunis de ces deux cartouches analysés phonétiquement, nous donnaient donc déjà douze signes répondant à onze consonnes et voyelles ou diphtongues de l’alphabet grec : Α, ΑΙ, Ε, Κ, Λ, Μ, Ο, Π, Ρ, Σ, Τ.

La valeur phonétique déjà très probable de ces douze signes deviendra incontestable, si, en appliquant ces valeurs à d’autres cartouches ou petits tableaux circonscrits, contenant des noms propres et tirés des monuments égyptiens hiéroglyphiques, on en fait sans effort une lecture régulière, produisant des noms propres de souverains, étrangers à la langue égyptienne.