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LE RETOUR
D’ARSÈNE LUPIN

COMÉDIE INÉDITE EN UN ACTE DE
Francis de CROISSET et Maurice LEBLANC


Nous avons le plaisir d’offrir à nos lecteurs un acte inédit d’Arsène Lupin, la célèbre comédie de MM. Francis de Croisset et Maurice Leblanc. C’est par cet acte qui n’a jamais été représenté, que devait, à l’origine, débuter la pièce qu’a reprise, avec un retentissant succès, le Théâtre de Paris.

Mais l’intensité même de cet acte, lequel, à lui seul, constitue tout un drame, semblait devoir nuire, par la suite, à l’action. Cette magistrale exposition, la scène émouvante et aiguë de Georges et de d’Andrésy, dévoilaient, dès le début, le personnage mystérieux de Lupin. MM. Francis de Croisset et Maurice Leblanc, d’accord avec M. André Brulé, leur remarquable interprète et M. Abel Deval, alors directeur de l’Athénée, résolurent de recommencer la pièce sur de nouvelles bases, et cet acte fut sacrifié. Sans doute les auteurs ont-ils bien fait puisqu’un succès mondial a récompensé leurs efforts. Mais nos lecteurs nous sauront gré de leur faire connaître cette pièce, car c’est tout une pièce complète, et qui restera comme un chef-d’œuvre du genre. Étant donné l’importance de cet acte, nous la publierons en deux fois, la deuxième partie devant paraître dans le prochain numéro.


Chez Georges Chandon-Géraud. Un fumoir très élégant. Livres, tableaux, trophées de chasse. Souvenirs récents d’un voyage dans l’Inde (éléphants de bronze, Bouddha, etc…).



Scène I

Brizailles, Le Domestique

Brizailles, entrant. — Monsieur est rentré ?

Albert. — Oui, Monsieur, Monsieur est rentré depuis huit jours.

Brizailles. — Je sais bien que Monsieur est rentré depuis huit jours des Indes. Je ne vous demande pas s’il est rentré à Paris. Je vous demande s’il est chez lui.

Albert. — Ah ! oui, Monsieur. Monsieur est chez lui. Qui dois-je annoncer ?

Brizailles. — Mais son ami, M. de Brizailles. Vous êtes donc un nouveau domestique ?

Albert. — Oui, Monsieur, depuis avant-hier.

Brizailles. — Ah ! dites donc, si M. Chandon-Géraud est avec son futur beau-père ou sa fiancée, ne le dérangez pas. Je le verrai tout à l’heure. Je déjeune ici.

Albert. — Monsieur est avec son médecin, Monsieur.

Brizailles. — Son médecin ? Il est donc souffrant ?

Albert. — Monsieur a eu, cette nuit, un étourdissement.

Brizailles. — Rien de grave ?

Albert. — Oh ! non, Monsieur.

(Il sort.)