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Lorsque, à l’indication du bordereau : « Note sur les troupes de couverture », on ajoutait : « Il y a quelques modifications au plan », c’était absolument exact, Un officier de l’État-Major général de l’armée seul pouvait connaître ces modifications, donner une note sur ce sujet. Il est absolument impossible qu’un officier de troupe, quel qu’il soit, même un officier d’Etat-Major dans une division, ait pu donner des renseignements importants sur un sujet de cette nature.

Toujours le même sophisme ! Mais comment le général Gonse peut-il savoir si les renseignements transmis par l’auteur du bordereau étaient importants ou non ! Et puisqu’il l’ignore, comment peut-il raisonner à vide ?

Quant au profond mystère qui, selon lui, enveloppait ces travaux, voici ce que dit l’acte d’accusation :

« Ensuite vient une note sur les troupes de couverture, avec la restriction que quelques modifications seront apportées par le nouveau plan. Il nous paraît impossible que le capitaine Dreyfus n’ait pas eu connaissance des modifications apportées au fonctionnement du commandement des troupes de couverture, le fait ayant eu un caractère confidentiel, mais non absolument secret, et les officiers employés à l’État-Major de l’armée ayant, par suite, pu s’en entretenir entre eux et en sa présence. »

Ainsi, selon le général Gonse, c’est tellement secret que seul un officier de l’Etat-Major a pu en connaître. Au contraire, l’accusation, pour expliquer que Dreyfus pu être informé d’un travail exécuté dans un autre bureau que le sien, déclare que ce n’était pas absolument secret. Les officiers en parlaient entre eux, devant des officiers d’autres bureaux.

Mais la conversation est infiniment élastique et extensible : qui peut dire qu’un renseignement livré à la conversation, s’arrête aux limites d’un bureau ou d’un ministère ? Et comment un officier de troupe, causant lui aussi avec des officiers d’Etat-Major, n’aurait-il pu