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En dehors de ce qui précède, nous pouvons dire que le capitaine Dreyfus possède, avec des connaissances très étendues, une mémoire remarquable, qu’il parle plusieurs langues, notamment l’allemand, qu’il sait à fond, et l’italien dont il prétend n’avoir que de vagues notions ; qu’il est de plus doué d’un caractère très souple, voire même obséquieux, qui convient beaucoup dans les relations d’espionnage avec les agents étrangers. Le capitaine Dreyfus était donc tout indiqué pour la misérable et honteuse mission qu’il avait provoquée ou acceptée.

Ainsi Dreyfus avait le caractère souple : c’est déjà grave, quoique nous sachions maintenant, par Esterhazy, que la violence du caractère et du style ne préserve pas de la trahison. Mais surtout Dreyfus n’était pas un ignorant et un sot ; et il savait les langues étrangères ! Il était donc tout indiqué pour la trahison, et désormais, les officiers qui ne veulent point être suspects, aux bureaux de la guerre, n’ont plus qu’à fermer leurs livres et à oublier ce qu’ils savent. »



LE BORDEREAU ET SON CONTENU

I

Mais y avait-il du moins, dans certains détails du bordereau des indices, même légers, contre Dreyfus ? Au contraire, la première phrase : « Sans nouvelles m’indiquant que vous désirez me voir », montre qu’entre l’attaché militaire et son correspondant il y avait des relations habituelles, qu’ils se voyaient.

Or, aucune enquête, aucune recherche de police n’a pu établir qu’entre Dreyfus et M. de Schwarzkoppen il y