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Depuis, le capitaine Lebrun-Renaud a confirmé ces déclarations par un document écrit, signé de lui, que je ne fais pas passer sous les yeux de la Chambre parce qu’il est postérieur, et que c’est aux documents que je viens de lire, qui datent du jour même, que je veux m’en référer.


III

Suivez bien, je vous prie, à ce point, les transformations, les variations subtiles de M. Cavaignac.

Trois fois il parle du témoignage de Lebrun-Renaud, le 13 janvier, le 22 janvier et le 7 juillet 1898 : et chaque fois, il y a substitution de document.

Une première fois, on croit qu’il s’agit d’un document signé de Lebrun-Renaud lui-même, et contemporain des faits.

La seconde fois, cette attestation recule : M. Cavaignac avoue qu’elle a été signée « plus tard », mais il en exige de M. Méline la production.

La troisième fois, M. Cavaignac, ministre de la guerre, et pouvant citer ce qu’il lui plaît, néglige de citer cette fameuse attestation qui, tout d’abord, était proclamée par lui décisive. Il la remplace par une feuille détachée du calepin de M. Lebrun-Renaud.

M. Cavaignac, pour s’excuser de ne pas citer la déclaration de M. Lebrun-Renaud lui-même, allègue qu’elle est postérieure aux événements et aux documents cités par lui. N’importe, si tardive qu’elle soit, elle est encore la seule pièce ayant un caractère certain d’authenticité ; elle est le seul témoignage direct.

Une conversation racontée par le général Gonse ou une feuille détachée du calepin de M Lebrun-Renaud ne peut suppléer le témoignage direct du capitaine, engageant sa signature et sa responsabilité. Si M. Cavaignac n’a point cité ce rapport, dont il exigeait si âprement de M. Méline la production, c’est d’abord pour ne pas proclamer offi