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celui ci est le véritable traître, quand on signale les machinations criminelles par lesquelles l’État Major a perdu l’innocent et sauvé le coupable, M. Rochefort se borne à dire : « Pourquoi insiste-t-on ? Dreyfus a avoué. »

C’est bien, mais puisque M. Cavaignac et M. Rochefort font reposer sur les prétendus aveux de Dreyfus leur certitude, s’il est démontré que Dreyfus n’a jamais fait d’aveux, toute leur thèse s’écroule.

Or, jamais Dreyfus n’a avoué. Toujours, avec une infatigable énergie, il a affirmé son innocence.

Il l’a affirmée pendant sa longue détention. Brusquement arrêté, il ne laisse échapper, sous le coup de l’émotion, aucun aveu, aucune parole équivoque.

Du 15 octobre au 20 décembre, de l’arrestation au jugement, il est mis au secret ; seul, loin de tout appui, il est interrogé de la façon la plus pressante. Pas une défaillance ; pas une hésitation ; pas l’ombre d’un aveu ; pas une parole à double sens que les enquêteurs puissent tourner contre lui.

L’acte d’accusation constate avec une sorte de colère « ses dénégations persistantes ».

Non seulement il affirme que le bordereau n’est pas de lui et qu’il n’a eu avec les attachés militaires étrangers aucune relation coupable, mais il affirme qu’il n’a même pas une imprudence à se reprocher.


II

Persistantes, ses dénégations sont en outre complètes, catégoriques, sans réserve. Devant le Conseil de guerre, il maintient énergiquement son innocence. Condamné, il ne fléchit pas sous le coup, et il proteste qu’il est victime de la plus déplorable erreur.

Avant la condamnation, le 30 octobre, le commandant du Paty de Clam, chargé de l’enquête, avait essayé en vain d’obtenir un aveu de Dreyfus par le mensonge et la