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dossier secret d’espionnage à un officier accusé de trahison, il n’est pas traduit devant les juges.

Jamais le dérèglement d’esprit et de conscience de toute une société, jamais l’affolement « des institutions fondamentales », livrées à la violence et à la sottise du militarisme ne furent aussi naïvement étalés.

Mais peu importe ! Chaque jour sous le mensonge la vérité perce, et il faudra bien qu’au prochain procès Zola la lumière soit faite entière sur le cas de du Paty. Les « agissements » de du Paty rentrent tout à fait dans le cadre du procès, car Zola, ayant accusé le Conseil de guerre d’avoir acquitté par ordre Esterhazy, doit être admis à faire la preuve que derrière Esterhazy il y avait du Paty, délégué de l’État-Major et de la haute armée.

Donc tous les témoignages sur les relations d’Esterhazy et de du Paty devront être entendus. Je crois qu’on peut se promettre d’avance une audience intéressante.

Il faudra bien aussi que le rapport du général Zurlinden sur « les agissements de du Paty pendant l’affaire Esterhazy » soit communiqué à la défense et au jury.


III

Mais dès maintenant la preuve est faite. Dès maintenant il est sûr que, comme Henry, du Paty de Clam a été un faussaire. Dès maintenant il est sûr que c’est lui qui passait au traître Esterhazy des pièces secrètes et qui imaginait, pour couvrir ces relations coupables, le roman inepte de la Dame voilée.

Ah ! cette histoire de la Dame voilée ! Il y faut revenir non plus pour faire la lumière qui est complète maintenant, mais pour montrer à notre pays, pour montrer au peuple de France par quelles inventions niaises on s’est joué de lui.

Quelle comédie plate que ce procès d’Esterhazy devant le Conseil de guerre !