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le juge civil de la complicité de du Paty était absurde et inexplicable, qu’il constituait même une violation scandaleuse de la loi par défaut d’application.

Et flétrissant ainsi celui des deux arrêts qui lui était soumis, la Cour de cassation flétrissait l’autre, émané de la même complaisance servile, de la même bassesse judiciaire.

Les conclusions premières du juge Bertulus contre du Paty et Esterhazy subsistent donc en leur entier. Et la mise à pied de du Paty, prononcée il y a trois jours par M. Zurlinden, les confirme.

C’est, nous dit le communiqué ministériel, à cause de ses agissements pendant l’affaire Esterhazy que du Paty a été frappé. Or, la besogne de du Paty pendant l’enquête Esterhazy a été double : il a pratiqué des faux de complicité avec le traître et il lui a ouvert les dossiers secrets du ministère de la guerre.

M. Zurlinden, en frappant du Paty sous la rubrique de l’affaire Esterhazy, confirme donc cette double accusation.


II

Et si nous ne retenons un moment que la communication des pièces secrètes, nous avons le droit de demander : comment M. du Paty n’est-il pas traduit en justice ?

Le colonel Picquart est en prison depuis soixante jours : il va passer le 21 devant les juges correctionnels, il est menacé des peines qui frappent l’espionnage. Pourquoi ? Parce qu’il a communiqué à l’avocat Leblois, son ami, quelques lettres du général Gonse, où celui-ci lui recommandait la prudence dans l’affaire Dreyfus, tout en l’autorisant à continuer ses recherches. Il n’y a rien là qui touche à la défense nationale.

Et quand du Paty de Clam est convaincu, par ses chefs eux-mêmes, d’avoir communiqué des pièces d’un