Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.
DU PATY DE CLAM

I

Après le faussaire Henry, le faussaire du Paty de Clam.

Celui-ci est momentanément couvert par les arrêts complaisants de justice, mais la mesure disciplinaire dont M. Zurlinden lui-même le frappe atteste la vérité des accusations portées contre lui.

De l’information du juge Bertulus il résultait avec évidence que M. du Paty de Clam avait aidé le traître Esterhazy et sa maîtresse, Mme Pays, à fabriquer, en novembre 1897, les faux télégrammes Blanche et Speranza, destinés à perdre le colonel Picquart, témoin à charge contre le traître Esterhazy.

Il en résultait aussi avec certitude que pendant toute la durée de l’enquête et du procès Esterhazy, M. du Paty de Clam avait eu avec celui-ci des relations constantes : c’est lui qui, sous les fantastiques espèces de la Dame voilée, avait communiqué à Esterhazy une pièce secrète du ministère de la guerre. Et pour rehausser encore l’honneur de l’armée, c’est dans des « vespasiennes » que se rencontraient le délégué d’Esterhazy et le délégué de l’État-Major.

Ainsi, voilà où nous en étions. Voilà où en étais la France. Il y a un traître, Esterhazy, auteur véritable du bordereau, et pendant qu’on le juge, les officiers de l’État-Major conspirent avec lui pour le sauver. Ils savent que la culpabilité d’Esterhazy c’est l’innocence de Dreyfus, et, pour maintenir au bagne Dreyfus innocent, ils collaborent à la défense du traître Esterhazy.

En tout cas, même s’ils avaient douté de la culpabilité