dresser cette nouvelle idole, devant laquelle Drumont s’incline avec des excuses éperdues, pour une heure d’hésitation.
Il était réservé aux prétendus défenseurs de la race française, de la conscience française, de magnifier le vice louche et bas qui répugne le plus à la loyauté du génie français.
Mais ils n’ont même pas pour cette écœurante apologie, le plus léger prétexte, car il n’est pas vrai qu’Henry ait songé une minute à suppléer les documents secrets. La preuve c’est que cette pièce fausse fabriquée en 1896 n’a vu le jour qu’en 1898, et par hasard.
Si le général de Pellieux et le général Gonse n’avaient pas commis dans le procès Zola une erreur étourdissante sur la date du bordereau, s’ils n’avaient pas cru nécessaire de racheter d’emblée par un coup d’éclat cette lamentable défaite, le général de Pellieux n’aurait pas cité la pièce fabriquée par Henry.
Il n’aurait pas dit, intrépide Béarnais des pièces fausses : Allons-y ! et la pièce qu’Henry, à ce qu’on assure, n’a fabriquée que pour le public, n’aurait même pas vu le jour.
Aussi Judet peut renoncer à ces comparaisons ingénieuses. Il nous assure que le faux d’Henry n’est pas un faux, mais seulement une sorte de papier représentatif comme le billet de banque. De même, nous dit-il, que le billet de banque, quoique n’ayant par lui-même aucune valeur, n’est pas un faux parce qu’il représente la valeur vraie de l’or accumulé dans les caves de la Banque, de même le faux d’Henry n’est pas un faux parce qu’il représente l’or pur des pièces authentiques soigneusement gardées dans les coffres de l’État-Major.
Et Drumont traduit en langage philosophique les analogies monétaires de Judet. Le papier d’Henry n’était qu’un synthèse, qu’une figuration de la vérité.