nous aurons le bénéfice du crime sans en avoir la trop visible et trop certaine souillure. »
Nos généraux n’ont pas prostitué eux-mêmes la probité des bureaux : mais ils ont souffert que, sous leur paternelle surveillance, volontairement en défaut, elle fût forcée par un subalterne grossier et hardi.
Notre haut État-Major a été le Monsieur Cardinal du faux.
Et il n’a pas eu seulement, au profit du faussaire, de majestueuses ignorances et des aveuglements prémédités. Il a eu aussi de discrètes incitations et de savantes agaceries paternelles.
Écoutez ce bref dialogue, à la cour d’assises, au procès Zola (Tome II, page 173) :
Maître Labori demande au colonel Picquart :
― Est-ce que, lorsqu’il est entré en fonctions, M. le général de Boisdeffre ne lui a pas dit : « Occupez-vous de l’affaire Dreyfus : il n’y a pas grand’ chose dans le dossier. »
M. LE COLONEL PICQUART. ― Je n’ai pas à répondre à cette question ; elle se rapporte à des conversations que j’ai pu avoir avec le chef d’État-Major.
C’est clair, comme dit l’autre. L’État-Major savait que la revision pouvait être demandée ; il savait que la condamnation de Dreyfus, enlevée par la surprise, la fraude et la violence, ne pouvait être justifiée, et dès le commencement de 1896, il cherchait à corser le dossier Dreyfus.
Le colonel Picquart ne comprit pas cette suggestion délicate.
Le colonel Henry, lui, a compris. Et c’est pourquoi il a fabriqué des faux. Et c’est pourquoi il s’est coupé la gorge.
Est-ce à dire, comme le prétendent maintenant les glorificateurs du faux et du faussaire, que c’était une