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bre 1897 parle en termes très clairs de ces télégrammes compromettants pour le colonel Picquart. Or, celui-ci les a reçus à Sousse le 11 novembre. Immédiatement, devinant l’abominable manœuvre dirigée contre lui, il télégraphie à son général à Tunis pour dénoncer le faux sans retard ; il va à Tunis, et écrit au ministre, mais tout cela lui prend jusqu’au 15 ; sa lettre n’a donc pu arriver à Paris que le vendredi 19. Or, c’est le 17, le 16 et même le 15 que la Libre Parole publiait des détails sur les télégrammes. Elle ne pouvait donc les tenir que des auteurs mêmes des pièces fausses.

Voilà les monstrueuses et frauduleuses coalitions qui depuis quatre ans font la loi à l’opinion et à la France dans l’affaire Dreyfus ; voilà les manèges et les crimes qui prolongent le premier crime et perpétuent le supplice d’un innocent.


V

Ainsi, jusqu’à l’évidence, un système de faux, manié par Esterhazy et du Paty de Clam avec la complaisance et la complicité des bureaux de la guerre, fonctionne depuis 1896.

Il se marque d’abord par la prétendue lettre de M. de Schwarzkoppen ou de M. Panizzardi en octobre ou novembre 1896, par le faux imbécile et grossier où le nom de Dreyfus est en toutes lettres, et que M. Cavaignac a eu l’audace ou l’inconscience de porter à la tribune de la Chambre.

Puis, le système de faux se marque en décembre 1896, par la fausse lettre Speranza du 15 décembre destinée à perdre le colonel Picquart, détenteur redoutable de la vérité.

Enfin, après un chômage de dix mois coïncidant avec l’apparent sommeil de l’affaire Dreyfus, les faussaires rentrent en scène le 10 novembre 1897, par les faux télégrammes Blanche et Speranza destinés à perdre