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rôle suspect que lui faisait jouer son cousin, elle est médiocre.

D’autre part, le juge Bertulus affirme dans son ordonnance du 28 Juillet dernier : « qu’il résulte de l’information que le lieutenant-colonel du Paty de Clam a eu des relations répétées avec Walsin Esterhazy, la fille Pays et Christian Esterhazy. »

Il affirme « que les dires de ce dernier sont formels et corroborés notamment par la carte postale cotée 27 sous scellés A ».

Et si l’on nous objecte que la chambre des mises en accusation a écarté le système du juge Bertulus comme insuffisamment fondé, il nous serait aisé de répondre que la magistrature continue le système d’étouffement pratiqué dans l’affaire Dreyfus.

Partout le huis clos, dans le procès Dreyfus, dans le procès Esterhazy ; quand on est obligé, comme dans le procès Zola, de poursuivre au grand jour de la cour d’assises, on mutile la poursuite pour mutiler la preuve. Dans l’article de Zola, où tout se tient, on ne relève qu’un phrase ; puis on trouve que c’est trop et au second procès Zola, devant la cour de Versailles, on ne poursuit plus qu’un membre de phrase.

Partout la nuit, le silence forcé, l’étranglement.

Il n’est pas étrange que la chambre des mises en accusation, voyant que l’implacable engrenage du vrai allait prendre du Paty après Esterhazy, et après ceux-ci d’autres, ait arrêté net et cassé le mécanisme.


IV

Mais nous avons une autre réponse et plus décisive. Pourquoi ne poursuit-on pas Christian Esterhazy ? Il affirme sous serment devant les juges, il affirme publiquement dans un journal que du Paty de Clam est bien la dame voilée, que c’est lui qui a communiqué à Esterhazy des documents secrets.