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des allusions à des plaisanteries de société, qui avaient cours dans le cercle d’amis de Mlle Comminges.

Le « demi-dieu » n’était ni de près ni de loin un personnage du futur « syndicat » Dreyfus : c’était le surnom amical donné au capitaine Lallemand, officier d’ordonnance du général Garets. Sur ce point, il n’y a pas l’ombre d’un doute.

Un an plus tard, en octobre 1897, quand le colonel Picquart fut rappelé de Tunisie et qu’il fût interrogé par le général de Pellieux sur cette lettre, il donna l’explication que je viens de dire et le capitaine Lallemand, appelé en témoignage, en confirma l’exactitude.

Le général de Pellieux accepta, sans objection aucune, sans réserves, les paroles de ce dernier. Je le répète : il n’y a là-dessus ni l’ombre d’un doute ni la plus légère contestation.

UNE LETTRE FAUSSE
I

Oui, mais un mois après, l’interprétation erronée et fantastique que les bureaux de la guerre voulaient donner à cette lettre prenait corps dans une pièce fausse. Une lettre, signée Speranza, était adressée, le 15 décembre 1896, au colonel Picquart.

Cette lettre contenait ces mots : « Depuis votre malencontreux départ, votre œuvre est compromise ; le demi-dieu attend des instructions pour agir. » Que cette lettre soit un faux, ceci encore n’est plus contesté.

On peut discuter sur la qualité juridique de ce faux. On peut essayer de soutenir, comme l’on fait les amis