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» M. le Président. ― Mais je l’aurais arrêté, soyez tranquille ; nous ne sommes pas une cour de révision, mais une cour d’assises ; souvenez vous en. »

Ainsi, pendant que la défense multiplie les efforts pour que le général Mercier s’explique sur cette question vitale qui touche au droit essentiel, aux libertés essentielles de tous les citoyens, le général Mercier, protégé par le président, multiplie les efforts pour ne pas répondre.

Et pourtant, s’il était faux qu’une pièce eût été communiquée aux juges en dehors du débat, le général Mercier n’avait qu’à crier : « C’est faux ! »

D’un seul mot, il libérait la conscience du pays, il se libérait lui même d’un terrible fardeau. Mais ce mot, il ne pouvait pas le dire : et pour lui comme pour M. Méline, ce silence forcé est un aveu.


IV

Un peu plus tard encore, dans la même audience, un malentendu ayant paru se produire, la défense précise une fois encore.

« Me Labori. ― Je demande la permission de bien préciser la question. M. le général Mercier dit-il, ― je ne suis pas sûr d’avoir bien compris ― M. le général Mercier dit-il qu’il n’est pas vrai qu’une pièce secrète ait été communiquée ? Ou M. le général Mercier dit-il qu’il ne l’a répété à qui que ce soit ? Je le prie de ne pas laisser d’équivoque dans sa réponse.

» M. le général Mercier. ― Je n’ai pas à répondre à la première question (Mouvements divers) ; mais, en ce qui concerne la seconde, je dis que ce n’est pas exact. »

Voilà qui est clair. Le général Mercier affirme qu’il n’a pas parlé aux journaux de la communication de la pièce secrète. Il se refuse à affirmer que cette communication n’a pas eu lieu.

Ô bravoure militaire ! Ô splendide honneur de l’armée !