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Quant au général Mercier, qui comme ministre de la guerre avait communiqué la pièce secrète, il était trop heureux de s’appuyer, pour ne pas répondre, sur l’arrêt de la cour, qui mutilait le procès et qui défendait de toucher à l’affaire Dreyfus.

Dans la troisième audience du procès Zola (9 février, page 167 du volume, tome 1er du compte rendu sténographique), Me Labori demande au général Mercier :

« M. le général Mercier pourrait-il nous dire si une pièce secrète a été communiquée au Conseil de guerre dans l’affaire Dreyfus en 1894, en dehors du débat ?

» M. Le Président. ― Pouvez vous répondre à la question ?

» M. le général Mercier. ― Je crois que l’affaire Dreyfus n’est pas en question, et qu’il est intervenu un arrêt de la cour qui interdit de la mettre en question. »

Voilà donc l’ancien ministre de la guerre qui, pour ne pas répondre à une question redoutable où sa responsabilité était engagée, se réfugie, pour parler comme le procureur général Bertrand, « dans le maquis de la procédure ».

Et un peu plus loin :

» Me Labori. ― Je crois avoir posé à M. le général Mercier la question de savoir si une pièce secrète avait été communiquée au Conseil de guerre en 1894 ?

» M. Le Président. ― Non, vous ne l’avez pas posée et je refuse de la poser.

» Me Labori. ― Alors, à cet égard, je vais déposer des conclusions sur le bureau de la cour.

» M. le Président. ― Pourquoi ?

» Me Labori. ― Je vais dire dans quel esprit, monsieur le président.

» Me Clémenceau. ― La question a été posée au témoin par M. le Président, et le général Mercier a répondu qu’il y avait un arrêt de la cour qui l’empêchait de répondre. Par conséquent, Si M. le général Mercier n’avait pas eu des susceptibilités juridiques, il aurait parlé…