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un rendez-vous insignifiant sur une carte de visite, qui porte son vrai nom, y ajoute encore son nom de convention ; car c’est livrer inutilement, niaisement, à tous ceux qui pourraient voir cette carte, le secret du nom de convention.

Les personnages que le général de Pellieux met en scène sont masqués. Seulement, ils portent leur masque à la main. Ainsi on voit à la fois leur masque et leur visage, et le lendemain, s’ils s’avisent de mettre le masque sur le visage, c’est au masque que l’on reconnaît le visage.

Le général de Pellieux répondra-t-il que lorsqu’il dit que la note est « appuyée d’une carte de visite », il ne dit pas que celle-ci a été envoyée en même temps que la note ? Mais alors quel sens peuvent avoir ces mots ?

Veulent-ils dire simplement que, à l’époque où il adressait ce billet signé d’un nom de convention, le correspondant adressait aussi, quoique par envoi distinct, la carte de visite ? Ce serait alors le service des renseignements qui aurait rapproché la note de la carte. En vérité, cela ne répond pas du tout au sens naturel des mots : Une note appuyée d’une carte.

Mais, même avec cette interprétation, l’absurdité subsiste. Il est absurde qu’un homme qui a besoin du mystère d’un nom de convention pour signer des billets importants livre à la même époque ce secret, en inscrivant ce même nom de convention, sans raison aucune, sur la carte de visite qui porte son vrai nom. La maladresse du faussaire éclate aussi grossièrement dans les marques d’authenticité qu’il a données à la pièce que dans la pièce même.


II

Mais, et c’est là un point décisif, comment se fait-il que M. Cavaignac n’ait pas reproduit les preuves d’authenticité qu’a données le général de Pellieux, et qu’il en ait allégué d’autres ?