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FAUX ÉVIDENT


I

Certainement, la troisième pièce, celle qui contient le nom de Dreyfus, est fausse.

En octobre 1896, à la veille de l’interpellation Castelin, Esterhazy, du Paty de Clam et l’État-Major savaient que le colonel Picquart avait réuni contre Esterhazy les charges les plus écrasantes. Ils savaient que le bordereau était d’Esterhazy, que le dossier secret ne contenait contre Dreyfus aucune pièce sérieuse, que l’innocence du malheureux condamné allait éclater et que l’État-Major allait être compromis.

Pour arrêter la campagne de réhabilitation qui allait s’ouvrir, Esterhazy et ses complices de l’État-Major décidèrent de fabriquer une fausse lettre qui prouverait enfin la culpabilité de Dreyfus.

C’est cette fausse lettre que les généraux ont prises au sérieux. C’est celle que M. Cavaignac a osé citer à la Chambre comme la pièce décisive.

Qu’il n’y ait là qu’un faux, et le faux le plus misérable, le plus grossier, le plus imbécile, tout le prouve : le style, le texte, la date.

Qu’on veuille bien seulement relire ce papier, œuvre d’un sous-Norton. Voici le texte donné par M. Cavaignac :

« Si… (ici un membre de phrase que je ne puis lire), je dirai que jamais j’avais des relations avec ce juif.