d’espionnage ne démarquent pas leurs agents ? Êtes-vous sûr que c’est sous leur vrai nom qu’ils les emploient ?
Le contraire paraît infiniment vraisemblable, ou plutôt, si l’on veut bien se renseigner, le contraire est certain. Il suffit de savoir que certains agents font de l’espionnage et du contre-espionnage : par exemple, tel espion au service de la France s’offrira à l’Allemagne en qualité d’espion, afin de surprendre plus aisément les secrets. Il est inadmissible qu’il s’offre au service allemand sous le nom qu’il porte dans le service français. Ce serait s’exposer à être démasqué trop vite.
D’ailleurs, les légations étrangères, pour ne pas compromettre leurs agents français, doivent éviter le plus possible de les désigner sous leur vrai nom. Elles leur donnent sûrement un nom de guerre et les désignent ensuite par l’initiale de ce nom de guerre de façon à les protéger pour ainsi dire par un double secret. C’est une précaution élémentaire ; c’est, pour les noms propres, l’application de la langue chiffrée, ou tout au moins l’équivalent.
En fait, nous savons par le petit bleu adressé à Esterhazy, par les révélations faites au procès Zola, que M. de Schwarzkoppen signait C, initiale d’un nom de convention. Ayant besoin d’écrire à Esterhazy, il était bien obligé de mettre sur l’adresse son vrai nom, mais il prenait bien garde que rien dans le texte et dans la signature ne pût le compromettre, et il signait C.
Ainsi, même interceptée, même lue par d’autres, cette lettre ne pouvait compromettre Esterhazy, à moins qu’elle ne fût dérobée au point de départ, à la légation même, et c’est à quoi il n’avait point songé.
Au procès Zola, le général de Pellieux a déclaré que la fameuse pièce où il est question de Dreyfus était signée d’un nom de convention. C’est, comme nous le verrons, un faux imbécile, mais le faussaire, pour authentiquer son papier stupide, avait signé du nom de