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demande, dites comme ça, car il ne faut pas que on sache jamais personne ce qui est arrivé avec lui. » (Exclamations.)

M. Alphonse Humbert. ― C’est clair.

M. le Ministre de la Guerre. ― J’ai pesé l’authenticité matérielle et l’authenticité morale de ce document.

Son authenticité matérielle résulte pour moi non seulement de tout l’ensemble de circonstances dont je parlais il y a un instant ; mais elle résulte entre autres d’un fait que je vais indiquer. Elle résulte de la similitude frappante avec un document sans importance écrit comme celui-là au crayon bleu, sur le même papier assez particulier qui servait à la correspondance habituelle de cette même personne et qui, datée de 1894, n’est pas sortie depuis cette date du ministère de la guerre.

Son authenticité morale résulte d’une façon indiscutable de ce qu’il fait partie d’un échange de correspondances qui ont eu lieu en 1894. La première lettre est celle que je viens de lire. Une réponse contient deux mots qui tendent évidemment à rassurer l’auteur de la première lettre. Une troisième lettre enfin, qui dissipe bien des obscurités, indique avec une précision absolue, une précision telle que je ne puis pas en lire un seul mot, la raison même pour laquelle les correspondants s’inquiétaient.

Ainsi la culpabilité de Dreyfus n’est pas établie seulement par le jugement qui l’a condamné ; elle est encore établie par une pièce postérieure de deux années, s’encadrant naturellement à sa place dans une longue correspondance dont l’authenticité n’est pas discutable, elle est établie par cette pièce d’une façon indiscutable.

Ah ! comme je remercie M. Cavaignac d’avoir fait à la Chambre ces communications et ces lectures : car ce sont des textes officiels que nous pouvons discuter, et je demande à M. Cavaignac la permission de serrer de près sa méthode, ses affirmations générales, les textes précis qu’il apporte.


II

Et tout d’abord je constate que pour M. Cavaignac lui-même, la seule pièce décisive est la troisième, celle