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Mais en fait, ils se sont trompés, lourdement trompés à propos des pièces secrètes comme à propos du bordereau. Et M. Cavaignac aussi, serviteur de l’État-Major exaspéré, s’est trompé à la tribune, trompé grossièrement, et la Chambre, surprise, sans pensée et sans courage, a donné l’éphémère sanction de son vote à la plus monstrueuse, à la plus inepte erreur.

ERREUR DE FAIT
I

Que sont en effet ces pièces secrètes et que disent-elles ? Je reproduis d’abord in extenso, d’après l’Officiel, cette partie du discours de M. Cavaignac : car il faudra examiner de près les raisonnements et les textes :

Tout d’abord, le service des renseignements du ministère de la guerre a recueilli, pendant six ans, environ mille pièces de correspondance ; je dis les originaux de mille pièces de correspondance échangées entre des personnes qui s’occupaient activement, et avec succès, de l’espionnage.

Ces pièces de correspondance, qui portent tantôt des noms vrais, tantôt des noms de convention, ne peuvent laisser ni par leurs origines, ni par leur nombre, ni par leur aspect, ni par les signes de reconnaissance qu’elles portent, aucun doute à aucun homme de bonne foi, ni sur leur authenticité ni sur l’identité de ceux qui les écrivaient.

Parmi ces pièces de correspondance il en est beaucoup qui sont insignifiantes ; il en est quelques-unes de fort importantes. Je ne parlerai pas ici de celles qui n’apportent au sujet de l’affaire dont il est question que ce que j’appellerai des présomptions, des présomptions concordantes, qui cependant,