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dans la mesure de mes forces d’aider à la manifestation de vérité.

J’acceptai donc. Seulement, en acceptant, je spécifiais, en écrivant à M. Zola, que je voulais ― cela était naturel, mais enfin, je tenais à le spécifier d’une façon très précise ― que si je faisais cet examen, quel que fût le résultat des études auxquelles j’allais me livrer, je viendrais l’exposer ici franchement et nettement.

M. Zola m’a répondu aussitôt, par une lettre que j’aurais voulu vous lire, mais que je puis citer de mémoire, en me disant qu’il acceptait absolument toutes mes conditions et qu’il demandait simplement à des hommes de science et de bonne foi de venir dire devant la cour ce qu’ils pensaient.

... Et M. Giry, après avoir montré que les documents sur lesquels il a travaillé étaient sérieux et bien vérifiés, se prononce d’abord contre l’hypothèse du calque imaginée par MM. Belhomme, Varinard et Couard. Il affirme ensuite l’absolue identité de l’écriture du bordereau et celle d’Esterhazy :

J’ai examiné aussi une autre hypothèse de calque. Le bordereau pourrait avoir été fait, fabriqué par calque de mots empruntés à d’autres documents rapportés et juxtaposés ensuite.

Eh bien, messieurs, je crois qu’il est absolument impossible que la pièce ait été fabriquée ainsi : j’ai fait là-dessus des expériences nombreuses qu’il serait bien long d’exposer en détail. On m’a demandé de me borner à vous donner des conclusions ; ce que je puis vous dire c’est que j’ai essayé moi-même de faire un calque dans ces conditions et que je ne suis arrivé à produire qu’une chose informe. Quoique j’aie l’habitude des choses graphiques, j’ai fait une chose qui ne ressemblait à rien et sur laquelle tout le travail de mosaïque était visible au premier coup d’œil.

On peut faire mieux que moi, assurément, mais je pense qu’il aurait été impossible de faire une pièce de cette dimension, de trente lignes. Il y a toutes sortes de raisons dans lesquelles je ne peux pas entrer qui s’y opposent d’une manière absolue. J’ajoute que je n’imagine pas qu’un traître