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ments faux ? S’obstinera-t-il à être plus militariste que le général de Pellieux lui-même ?

Qu’en pense aussi MM. Belhomme et Couard qui prétendaient que les travaux faits sur le fac-similé était sans valeur ?

Non ! C’est bien sur des données sérieuses qu’ont travaillé tous ses archivistes, tous ces paléographes, tous ces chercheurs arrivés par l’étude à la renommée, et leur unanimité, fondée sur la plus solide enquête, est décisive. Ils ne sont pas divisés, comme l’ont été les experts du procès Dreyfus, et ils n’opèrent pas à huis clos comme ceux du procès Esterhazy.

Avant de formuler leurs conclusions, ils définissent leurs méthodes, leurs procédés de recherches ; ils ne s’enferment pas comme Bertillon dans une nuée biblique. Ils ne s’enferment pas, comme Belhomme, Varinard et Couard, dans un brouillard de procédure.

C’est au plein jour de l’audience publique, c’est sous le contrôle de la raison générale qu’ils définissent leurs moyens de recherches, leurs preuves, leurs résultats. Et nul ne peut suspecter leur indépendance, puisqu’ils se dressent contre le pouvoir et qu’au risque de blesser les dirigeants, les ministres, les généraux, ils vont où la vérité les appelle et témoignent selon leur conscience.


IV

Je ne puis, bien entendu, entrer ici dans le détail de leurs preuves ; elles sont tout au long dans le compte rendu du procès. De ces détails, je n’en relèverai qu’un ici, parce que je le trouve à la fois caractéristique et tragique.

Qu’on ne s’étonne pas de ce mot. Lorsque Dreyfus fut livré aux enquêteurs et aux experts, à des enquêteurs comme Paty de Clam, à des experts comme Bertillon, il y eut une difficulté : les doubles S.