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que l’accusation de faux commence à s’essayer : c’est une pièce fausse qui sert de berceau au mensonge encore vagissant. Mais dès lors, contre les menteurs et faussaires se dresse cette question terrible : Comment n’avez-vous pas, dès la première heure, dénoncé officiellement le colonel Picquart ?

Au procès Esterhazy, en janvier 1898, quand il faut à tout prix sauver le uhlan, l’illustre Ravary, dans son rapport, essaie de jeter le doute sur l’authenticité du petit bleu. Mais ici la question se fait plus pressante encore : Esterhazy est accusé de trahison. L’ancien chef du service des renseignements prétend avoir reçu de ses agents une pièce qui établit entre Esterhazy et M. de Schwarzkoppen des relations louches.

Si cette pièce est fausse, Esterhazy est victime de la plus abominable machination. Si elle est authentique, il y a contre lui une présomption grave. Le premier devoir des enquêteurs et des juges est donc de tirer au clair l’authenticité du petit bleu. Mais non, ils se contentent d’insinuations perfides. Ils n’osent pas dénoncer formellement comme fausse une pièce qu’ils savent authentique. Ils se bornent à la discréditer par des sous-entendus. Jamais machination plus scélérate ne s’étala plus cyniquement.

Aussi attendrons-nous, pour discuter de nouveau et plus à fond cette accusation misérable,