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consultant sur l’écriture du bordereau comparée à celle d’Esterhazy des hommes compétents de tous les pays !

Pour nos bons nationalistes, l’expertise en écriture ne compte que si elle est de ce côté de la frontière et en faveur d’Esterhazy. Seuls, les noms bien français de Couard, de Belhomme et de Varinard leur inspirent confiance. Hélas ! hélas !

J’écarte donc les experts étrangers, quoique leur démonstration est été d’une valeur scientifique tout à fait remarquable. Mais quand des hommes comme M. Paul Meyer, membre de l’Institut, professeur au Collège de France et directeur de l’École des Chartes, comme M. Auguste Molinier, professeur de l’École des Chartes, comme M. Louis Havet, membre de l’Institut, professeur au Collège de France et à la Sorbonne, comme M. Giry, membre de l’Institut, professeur à l’École des Chartes et à l’École des Hautes Études, comme M. Émile Molinier, conservateur au musée du Louvre, archiviste paléographe…, quand tous ces hommes, après une consciencieuse étude, viennent affirmer devant le pays que le bordereau est d’Esterhazy, il y a là à coup sûr un grand fait, que j’ose dire décisif.

D’abord entre tous ces hommes, il y a une unanimité. Et qu’on ne dise pas qu’ils devaient tous déposer dans le même sens, étant tous témoins de la défense. Saisis de la question par M. Zola, ils n’ont accepté de l’examiner qu’à la condition de porter devant la cour d’assises le résultat de leurs recherches, quel qu’il fût.

Et tous, dans leur liberté, ils ont conclu de la même façon ; ils ont affirmé sans réserve que le bordereau était d’Esterhazy.


II

Bien mieux, quand la question sera de nouveau étudiée, quand on n’essaiera plus d’étrangler le débat, voici ce que Zola propose : Tous les hommes de France et d’Europe