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par lui, et il aurait ainsi complètement dérouté son correspondant étranger.

Encore une fois, toutes ces inventions sont absurdes, et on en revient toujours à cette conclusion : Le bordereau étant de l’écriture d’Esterhazy est de sa main.

Mais à quoi bon argumenter plus longtemps contre ces experts du huis clos qui, pris entre la force de la vérité et des forces d’un autre ordre, ont abouti à une expertise incohérente, indéfendable et qu’il faut cacher ? Il faut leur savoir gré, malgré tout, d’avoir osé dire, même avec toutes les précautions du décalque, que l’écriture d’Esterhazy se retrouvait dans le bordereau. C’est un commencement de vérité, et la vérité entière va apparaître.

SAVANTS CONTRE EXPERTS
I

Elle apparaît par les témoignages de nouveaux experts, au procès Zola. Ces témoignages, produits sous la foi du serment devant la cour d’assises, ont un caractère tout à fait nouveau et décisif.

D’abords ils sont publics ; en second lieu, ils émanent d’hommes d’une compétence hors pair, d’une autorité scientifique indiscutable, et enfin ces hommes sont d’une indépendance absolue.

Si l’esprit chauvin l’exige, je laisse de côté M. Franck, avocat et docteur en droit, parce qu’il est Belge. Je laisse de côté aussi M. Paul Moriaud, professeur de la Faculté de droit de Genève, parce qu’il est Suisse.

Il paraît que M. Zola a manqué de patriotisme en