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dans cette courte préface, que cette machination scélérate est préparée dès longtemps. Évidemment, l’État-Major lui-même la trouve risquée. Tant qu’il a espéré qu’il pourrait se sauver et empêcher la révision sans recourir à cette scélératesse suprême, il l’a ajournée, et c’est seulement quand la révision menaçante était déjà sur lui, qu’il a frappé ce coup de désespoir.

Mais dès longtemps, il le méditait et le tenait en réserve. Dès longtemps, les deux faussaires, Henry et du Paty, préparaient contre Picquart l’accusation de faux.

Elle s’annonce tout d’abord dans la lettre qu’Henry écrit au colonel Picquart en juin 1897, et où il parle de « la tentative de suborner deux officiers du service pour leur faire dire qu’un document classé au service, était de l’écriture d’une personnalité déterminée ». Henry qui avait déjà fabriqué la fausse lettre contre Dreyfus préparait en ce moment contre Picquart de faux témoignages.

Les dépositions de Lauth, si perfides à la fois et si incohérentes, portent la marque d’un entraînement incomplet.

Puis, en novembre 1897, c’est la fausse dépêche Blanche où Esterhazy et du Paty disent au colonel Picquart : « On a des preuves que le bleu a été fabriqué par Georges. » Ainsi, c’est dans un faux