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Il faut donc écarter cette sorte de préjugé, et regarder directement les faits. Or, à l’examen des faits, il est certain que Dreyfus est innocent. Les dirigeants ont pu affirmer sa culpabilité. Tant qu’ils l’ont fait en termes généraux, leur affirmation échappait à toute discussion. Mais dès qu’ils essaient de préciser et de produire une preuve, cette preuve tombe. Toutes les fois qu’ils puisent dans le fameux dossier c’est pour remonter à la surface du puits mystérieux ou une sottise ou un faux.

Faut-il croire qu’un sort leur a été jeté ? Tous les bâtons sur lesquels ils s’appuient se brisent en leurs mains ; c’est du bois pourri. Et lorsque la révision se fera, lorsque le procès recommencera au grand jour, il sera difficile ou mieux il sera impossible à l’État-Major de dresser un acte d’accusation et il s’abîmera lui-même dans le néant.

Aussi, désespérant de trouver désormais des charges sérieuses contre Dreyfus, la haute armée, aidée par la faiblesse des gouvernants et la complicité sournoise de l’Élysée, tente une diversion suprême en essayant de déshonorer et de perdre le colonel Picquart.

De là, la monstrueuse accusation de faux dressée contre lui à propos du petit bleu.

D’avance, dans la série même des articles réunis aujourd’hui dans ce volume, nous avons répondu à cette accusation. J’ajoute seulement,