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LES AVEUX D’ESTERHAZY


I

Que le bordereau sur lequel a été condamné Dreyfus soit d’Esterhazy, il n’y a plus de doute aujourd’hui pour personne et même beaucoup d’adversaires de Dreyfus le reconnaissent expressément.

M. Cavaignac lui-même, dans son discours du 7 juillet, quand il a résumé pour la France les raisons, selon lui décisives, qui démontraient la culpabilité de Dreyfus, n’a pas osé parler du bordereau.

Esterhazy lui-même a été obligé, sur ce point, à des aveux à peu près complets, et dans son procès même, les experts, qui ont l’air de l’innocenter, l’accablent.

Voici d’abord son aveu, à peine dissimulé sous la plus ridicule invention. Je prie les lecteurs attentifs de méditer l’article suivant, signé Dixi, et qui a paru dans la Libre Parole, le 15 novembre 1897.

Cet article, qui contient sur Esterhazy, sur son caractère et sa vie, des détails intimes, et qui est consacré à la défense d’Esterhazy, avant qu’il ait été publiquement accusé, émane certainement d’Esterhazy lui-même : nul ne le conteste.

L’article a été rédigé ou par Esterhazy ou sur les données fournies par lui. C’est son système de défense.

Le 14 novembre, le Figaro analysait ce qu’on a appelé le dossier Scheurer-Kestner. Il disait que celui-ci avait en mains des spécimens d’écriture d’un officier et que l’écriture de cet officier, d’ailleurs dissipé et déréglé, ressemblait d’une manière absolue à celle du bordereau.