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semble toujours exaspéré. Il écrit à Mme de Boulancy : « Les Allemands mettront tous ces gens-là (il s’agit des Français) à la raison avant qu’il soit longtemps. » Il lui écrit : « Voilà la belle armée de France ! C’est honteux, et si ce n’était pas la question de position, je partirais demain. J’ai écrit à Constantinople : « Si on me propose un grade qui me convienne, j’irai là-bas ; mais je ne partirai pas sans avoir fait à toutes ces canailles une plaisanterie de ma façon. » Il lui écrit encore : « Mes grands chefs, poltrons et ignorants, iront une fois de plus peupler les prisons allemandes. »

Voici de quel ton il parle d’une femme : « Je suis à l’absolue merci de cette drôlesse, si je commets vis-à-vis d’elle la moindre faute ; et c’est une situation qui est loin d’être gaie ; je la hais, tu peux m’en croire et donnerais tout au monde pour être aujourd’hui à Sfax et l’y faire venir. Un de mes spahis, avec un fusil qui partirait comme par hasard, la guérirait à tout jamais. »

Enfin, dans une lettre qu’il a vainement tâché de nier et dont l’authenticité est certaine, il se livre contre la France a une véritable explosion de haine sauvage.


Je suis absolument convaincu que ce peuple (c’est le peuple français) ne vaut pas la cartouche pour le tuer ; et toutes ces petites lâchetés de femmes saoûles auxquelles se livrent les hommes, me confirment à fond dans mon opinion ; il n’y a pour moi qu’une qualité humaine, et elle manque complètement aux gens de ce pays, et si, ce soir, on venait me dire que si j’étais tué demain comme capitaine de uhlans en sabrant des Français, je serais parfaitement heureux… Je ne ferais pas de mal à un petit chien mais je ferais tuer cent mille Français avec plaisir… Aussi tous les petits potins de perruquier en goguette me mettent-ils dans une rage noire ; et si je pouvais, ce qui est plus difficile qu’on ne croit, je serais chez le mahdi dans quinze jours.

Ah ! les on dit que, avec le on anonyme et lâche, et les hommes immondes qui vont d’une femme à une autre colporter leur ragoût de lupanar, comme cela ferait triste figure