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LE VÉRITABLE TRAÎTRE


LE DOCUMENT RÉVÉLATEUR


I

Le véritable auteur du bordereau pour lequel a été condamné Dreyfus, c’est Esterhazy.

Le véritable traître, appointé par l’Allemagne pour livrer les secrets de la défense, c’est Esterhazy.

Ce traître, protégé par les généraux, par les ministres, par les juges, par les professionnels du patriotisme, il faut que devant le peuple il soit démasqué.

Depuis dix-huit mois Dreyfus était condamné ; depuis dix-huit mois, l’innocent, frappé sans preuve et sans raison, subissait son terrible supplice, quand le bureau des renseignements du ministère de la guerre fut mis en éveil par un document très inquiétant.

Ce n’était plus le colonel Sandherr qui dirigeait le service des renseignements. Il avait dû se retirer à la suite d’une maladie cérébrale et il avait été remplacé par le lieutenant-colonel Picquart.

Or, en mai 1896, celui-ci recevait une lettre, ou plus exactement une carte-télégramme, adressée par l’attaché militaire allemand ou un de ses agents au commandant Esterhazy. Cette lettre, qu’on veuille bien le remarquer, était apportée au ministère de la guerre dans les mêmes conditions que le bordereau sur lequel fut condamné Dreyfus.

Elle offrait donc les mêmes garanties d’authenticité que le bordereau.