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Major contre le juif, on aurait dû abandonner la poursuite commencée contre Dreyfus, et poursuivre Esterhazy.

La vérité a été connue trop tard, et les bureaux de la guerre ont pu s’abandonner sans frein au génie de M. Bertillon. Leur responsabilité est devenue terrible depuis que sachant la vérité ils l’étouffent systématiquement par le faux et par la violence : mais elle était grande déjà en 1894 lorsque pour condamner Dreyfus sans autre indice, ils torturaient par les suppositions les plus absurdes l’écriture du bordereau ; c’est une sorte d’inquisition mentale qui arrache de force, à une pièce d’écriture, par les hypothèses les plus violentes et la logique la plus frauduleuse, un aveu de culpabilité qui n’y est pas.