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tion elle-même dont M. Bertillon a été, au moment décisif, la caution et le répondant.


LE CHAOS DE L’ENQUÊTE

I

Et ce qui ajoute encore au chaos de l’enquête, à son incohérence et à son étrangeté, c’est que quelques-uns des enquêteurs ont mêlé à la confection du bordereau le frère de l’accusé, Mathieu Dreyfus.

C’est d’abord l’enquêteur préalable, celui qui a tout mené, M. du Paty de Clam. Voici ce que dit le colonel Picquart (tome I, page 288) :


La seconde personne à qui je montrai cet échantillon de l’écriture du commandant Esterhazy, fut le colonel du Paty, alors commandant. Je ne le lui confiai que quelques minutes, cinq minutes, je crois, et il me dit : « C’est l’écriture de Mathieu Dreyfus ». Il faut vous dire, pour expliquer cela, que le colonel du Paty prétendait que pour écrire le bordereau, Alfred Dreyfus avait fait un mélange de son écriture avec celle de son frère.


M. du Paty de Clam n’a point démenti cela, et, au contraire, dans la conversation suprême qu’il a eue avec Dreyfus, après la condamnation de celui-ci, il lui a parlé encore de la « complicité » de sa famille.

Je suppose, pour le dire en passant, que, lorsque le général Mercier, dans l’interview qu’il accorda le 28 novembre 1894 à M. Léser du Figaro, lui disait : « Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que la culpabilité